Une énorme image de la France, les mots “French class” en gros et en devanture d’un petit local au coin de deux rues sans histoire. Forcément, ça se remarque. Encore plus en plein cœur d’un quartier italien. Lorsque Sam Maher a ouvert en mai dernier son mini-centre de langue SamTeachesFrench (STF) en plein cœur de l’enclave italienne de Williamsburg (dans le Nord de Brooklyn), une résidente de longue date qui se promenait dans la rue l’a interpellé. Il raconte leur échange.
N’en déplaise à son interlocutrice, quelques mois plus tard, les cours de français de Sam Maher ne connaissent toujours pas la crise. Depuis près de deux ans, cet Américain, « French nerd » autoproclamé, a su profiter de l’absence, à Brooklyn, de structures d’enseignement du français visant les adultes pour se créer une oasis tricolore fleurissante. SamTeachesFrench compte aujourd’hui 500 étudiants (cinq fois plus que l’an dernier), répartis en quatre niveaux (le 4eme étant le plus difficile) de cours collectifs, particuliers et d’ateliers, et propose même à partir de cet été des séjours d’immersion à Paris et Montréal. Pour couronner le tout, Sam Maher a inauguré officiellement son nouveau centre, au coin de Manhattan Avenue et Ainslie Street, le 24 juin.
Sam Maher analyse son succès.
Brooklyn dans son ensemble a longtemps été le parent pauvre de l’enseignement du français à New York. Si l’offre de cours pour enfants est en train de s’étoffer dans le public comme dans le privé, les bataillons de jeunes adultes américains passionnément francophiles que le phénomène de gentrification a conduits de l’autre côté de la East River ces dernières années ont été confrontés à un vrai vide à leur arrivée. Leurs seules options: des cours privés parfois pas très pros ou le FIAF, trop loin et trop cher pour certains.
Il y a deux ans, Sam Maher identifiait cette demande inassouvie. Ce diplômé de la New School, ancien de l’Alliance française de Paris et de l’Institut catholique (et accessoirement fan de Christophe Maé), a commencé SamTeachesFrench dans son modeste deux-pièces à Williamsburg. A sa grande surprise, la première année, pas moins de 100 étudiants s’inscrivent, pratiquement tous du quartier. Un an plus tard, installé dans son nouveau local tapissé de plans de Paris, il recrutait deux professeurs, Ségo Marchand et Léa Perret, pour faire face au boom des inscriptions. Les deux françaises ne sont pas surprises pas le succès des cours.
La petite entreprise ne semble pas avoir pâti du fait que Sam Maher n’est pas français lui-même. Au contraire. Pour Lauren Jacobs et Chris Omueti, tous deux étudiants de niveau 3, apprendre la langue avec un Américain est même un atout.
Sam Maher voit l’avenir avec sérénité. Il envisage à terme de transformer son centre en véritable labo de langue, avec cabines audio pour ceux qui souhaiteraient continuer à améliorer leur français en dehors des cours. Les voisins italiens n’ont pas fini de se plaindre.
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