Tous les mois, Isabelle Guglielmi, pharmacienne et fondatrice du blog santé Ameriksanté, nous explique ce que l’on trouve en pharmacie aux États-Unis et le système de santé américain.
Avec un marché de plus de 50 milliards de dollars, les États-Unis sont le pays des vitamines et des compléments alimentaires et les Américains en sont les premiers consommateurs au monde. Mais comment s’y retrouver dans les rayons, tant il y en a ? Leur qualité diffère d’une marque à l’autre et il ne faut pas se précipiter sur la première promo : les législations en terme de qualité ne sont pas les mêmes qu’en France et donc, de ce fait, les compléments alimentaires ne sont pas tous égaux.
En France, on parle de compléments alimentaires. Le terme « supplément » est aussi utilisé mais se rapporte plutôt à des ingrédients donnés, par exemple, aux sportifs en vue d’améliorer leurs performances ou leur récupération. Aux États-Unis, on parle de supplement et cela englobe aussi les extraits de plantes. À ne pas confondre avec un médicament, un complément alimentaire sera un produit que l’on ajoute à l’alimentation. Il sera pris par voie orale et contient un ou plusieurs ingrédients. Il est là pour corriger une éventuelle carence.
Les compléments alimentaires peuvent être des nutriments, des plantes, et même des hormones.
Les nutriments sont définis par des ingrédients qui constituent les aliments. Ils seront alors donnés pour palier une éventuelle déficience. Sachant que l’agriculture moderne a appauvri les sols en minéraux et donc, par là même, les fruits et légumes, il peut être justifié de se supplémenter en nutriments. D’autre part, notre alimentation moderne n’apporte pas assez de vitamines et autres nutriments.
On distingue les macro-nutriments qui sont les constituants majeurs de l’alimentation : les sucres (carbohydrates), les protéines constitués d’acides aminés et les lipides. Les micro-nutriments sont nécessaires à l’état de traces, et seront essentiellement les vitamines, les minéraux, les phytonutriments comme les antioxydants. Ils interviennent dans les formations de tissus et aident à la synthèse de nos hormones, de nos neuro-transmetteurs, et au bon fonctionnement de notre système immunitaire, etc …
Dans les vitamines, on retrouvera presque toutes les lettres de l’alphabet, les plus connues étant, la vitamine C, la vitamine A, B ou K. Attention, la vitamine D n’est pas à proprement parlé une vitamine, mais plutôt une hormone. La vitamine B9 (l’acide folique, à préférer sous sa forme, méthyl folate) est particulièrement recommandée chez la femme enceinte.
Les oméga 3 sont des acides gras poly-insaturés retrouvés dans poissons gras et certaines noix.
Les minéraux, les plus connus, sont le calcium et le magnésium, mais aussi le zinc utile pour l’immunité.
Les extraits de plantes ne tombent pas dans le domaine de l’alimentation. En effet, certaines plantes peuvent avoir des effets thérapeutiques mais seront incluses dans cette catégories des suppléments. De nombreux médicaments trouvent leur origine dans certaines plantes.
Pour bien comprendre les différences de qualités des compléments alimentaires américains, il est utile de préciser certains points un peu rébarbatifs.
Ils sont régulés par la FDA (Food Drug Administration), comme n’importe quelle nourriture et non comme des médicaments. Mais il est important de noter que certains compléments alimentaires peuvent avoir des effets biologiques forts à certaines doses, ce qui peut entrer en conflit avec la médecine.
La FDA n’est pas là pour vérifier la sécurité ou l’efficacité des suppléments alimentaires, voire la composition exacte. Les suppléments peuvent alors être commercialisés sans même être notifiés à la FDA. En général, la FDA est supposée contrôler les suppléments seulement après leur commercialisation. Rappelons que les médicaments doivent prouver leur innocuité et leur efficacité avant leur commercialisation et donc doivent obtenir une « autorisation de mise sur le marché » (AMM).
Ce n’est pas le cas des suppléments : la loi ne prévoit aucune disposition permettant à la FDA d’approuver la sécurité des compléments alimentaires avant qu’ils n’atteignent le consommateur. Sachant que les contrôles ne sont pas toujours effectués après commercialisation, il convient d’être vigilant quant on achète des compléments alimentaires.
Du fait de cette législation, et les contrôles étant pour ainsi dire très rares, les compositions des compléments alimentaires peuvent être différentes de ce qui est indiqué sur les listes d’ingrédients.
En 2013, une enquête avait fait grand bruit en révélant que certains suppléments alimentaires vendus dans les pharmacies CVS, ou dans les supermarchés, Walmart, Target etc, ne contenaient pas ce qui était supposé contenir. Heureusement, ce n’est pas le cas pour tous les compléments alimentaires.
La FDA propose quand même des directives pour aider les fabricants à produire des suppléments répondant aux critères de qualité. Des certifications établies par des organismes tiers et indépendants permettent d’assurer la qualité à travers des contrôles sur l’identité, la pureté, le dosage et la composition des produits, tout en limitant l’adultération (ajout de substances tierces) et la contamination.
Bref, pour être sûr de ce que l’on achète, il est important de chercher, sur les flacons et boîtes de suppléments, des labels de certification apposés par des organismes tiers comme : ConsumerLab.com, the National Nutritional Foods Association (NNFA), TruLabel Program, NSF Certification Program, the USP Dietary Supplement Verification Program ou encore le label USDA Organic.
Certains magasins auront des critères de choix plus stricts que d’autres, et pour être plus sûr de leur qualité, les acheter chez Whole Foods ou Sprout permet d’avoir l’assurance d’une meilleure qualité – pas forcément le cas chez Walmart.
Certaines marques sont meilleures que d’autres comme Nature Made, Garden of Life, Gaia, Thorne Research, Nordic Naturals, Natural Factors, Pure Encapsulation, etc.
Si vous les achetez sur Amazon, faites bien attention, à être sur le store de la marque en question, ce qui permet de diminuer les risques de tomber sur une marque falsifiée. Pour vous aider, j’ai rassemblé sur mon site AmerikSanté, une sélection de suppléments alimentaires.
Au delà de ces considérations, a-t-on vraiment besoin de suppléments ? Certains vous diront que non, d’autres mettront en avant le fait que l’alimentation est désormais pauvre en nutriments, d’autant plus si vous mangez des aliments transformés. Des enquêtes nationales ont montré que les américains étaient chroniquement déficients en certains minéraux ou vitamines, amenant à des symptômes subcliniques qui peuvent à terme favoriser l’apparition de certaines maladies chroniques.
On estime par exemple, que 42% des adultes présentent une déficience en vitamine D, d’autant plus vrai pour les personnes vivant dans le nord des Etats-Unis (sachant que la vitamine D est essentiellement synthétisée dans notre organisme sous l’effet du soleil). Enfin, parfois, il peut être utile de prendre des compléments à base de plantes pour les petits maux du quotidien, comme des insomnies passagères, ou des problèmes de circulation sanguine passagers.
Alors si vous ne deviez n’en prendre que trois, quels seraient-ils ?
Une bon mélange de multi-vitamines pourraient vous aider surtout dans les mois d’hiver. Mais attention, évitez les gummies, pleins de sucres et de colorants, surtout pour les enfants. Ces multi-vitamines permettent d’apporter les nutriments nécessaires pour le maintien optimal de la santé, surtout chez les femmes enceintes, les enfants, les personnes âgées et les adolescents.
Les omega 3 sont nécessaires au bon fonctionnement de notre cerveau et ont aussi montré leurs intérêts en cardiologie. On les retrouve dans les poissons gras comme le saumon, mais aussi dans certaines noix, et graines. Une étude a montré que les 2/3 des Américains ne consommaient pas assez d’omega 3 dans leur alimentation. En effet, notre alimentation est souvent déséquilibrée avec un apport trop important d’autres lipides.
Le magnésium intervient dans plus de 300 réactions chimiques dans notre organisme et 50% de la population serait déficient en magnésium. Mais attention, on ne prendra pas n’importe quel magnésium. Les sels de magnésium ne sont pas absorbés par l’organisme de façon égale. Un sel de magnésium peu absorbé aura tendance à favoriser le transit intestinal, sans avoir d’effets internes. Préférez donc les sels de citrates ou de glycinate de magnésium, pour un effet sur le système nerveux par exemple.
Il existe encore bien d’autres compléments alimentaires qui pourront vous apporter d’autres bénéfices, comme les probiotiques, ou les anti-oxydants, sans parler de la vitamine D dont il ne faut pas abuser.
Rappelons qu’avant de prendre des vitamines et autres suppléments, il est aussi essentiel de favoriser une alimentation riche en 🍏🍎🍐🍊🍋🍌🍉🍇🍓🫐 et 🥦🥬🥒🌶️🍆🍅🥑🫑🧅 variés et diminuer l’alimentation ultra-transformée 🍟🍕🌮🌯🍔🌭🧇 très pauvre en micro-nutriments, tout en ayant un style de vie actif.
Bref, sortez dehors pour prendre le plein de soleil et marchez tout en croquant une pomme bio (c’est une autre histoire), en évitant le petit donut qui vous fait de l’œil !