Installée depuis 2013 à New York, la galerie parisienne Perrotin présente trois artistes francophones, Mathilde Denize, Dora Jeridi, et Pieter Vermeersch, dans son espace d’Orchard street, dans le coin branché de la Lower East Side. À découvrir jusqu’au mercredi 19 février.
Originaire de Sarcelles en région parisienne, Mathilde Denize commence sa carrière d’artiste avec de la peinture figurative très classique. Insatisfaite, elle décide de prendre une nouvelle direction, résolument pluridisciplinaire, en recyclant, ici des lambeaux de ses premières peintures, là des objets trouvés ou des surplus de pigments glanés lors de son expérience de décoratrice pour le cinéma. Le résultat est une chorégraphie d’œuvres patchwork et fluides – peintures, sculptures, céramiques et costumes – qui semblent dialoguer et se compléter les unes les autres.
« Humanity » est le deuxième show en solo très prometteur de Dora Jeridi, une jeune artiste française née en 1988 et venue s’installer à New York après ses études aux Beaux-Arts à Paris. Ses toiles s’inspirent de titres musicaux du hip-hop ou du jazz (Fatboy Slim, The Prodigy, John Coltrane) et empruntent à la musique la technique du sampling. « Le sampling en musique consiste à prendre un extrait d’un autre titre et à l’incorporer dans une nouvelle composition musicale, en lui donnant un “kick”, un nouveau tempo. De la même façon, mes toiles incorporent des éléments d’autres toiles », explique-t-elle.
Ainsi, l’œuvre « Firestarter » tire son nom d’un titre du groupe The Prodigy, et fait cohabiter des « tempos » différents : vers l’extérieur de la toile, la grille évoque un rythme régulier, qui contraste avec le centre, plus explosif. Les figures en noir et blanc, quant à elles, sont reprises d’une autre toile, mais distendues comme le serait un « sample » dans un morceau de hip-hop. « Cette œuvre se lit presque comme une partition de musique », résume Dora Jeridi.
Cette rencontre de l’art et de la musique est également évidente dans l’œuvre « Jazz Fear », inspirée du peintre Mark Rothko et du saxophoniste américain John Coltrane : « Le jazz fait la part belle à l’improvisation, mais les musiciens de jazz savent qu’ils doivent veiller à ne pas perdre leur audience par trop d’improvisation et toujours revenir à une mélodie, pour pouvoir repartir de plus belle », compare Dora Jeridi. On retrouve ce mélange de structure et d’improvisation dans ses œuvres, qu’elle décrit comme des « gâteaux a plusieurs couches », tels un mur couvert d’affiches, de graffitis, de peintures, de messages gravés… « J’ai appelé ce show “Humanity” parce qu’il décrit la variété des émotions et la difficulté des relations humaines », conclut la jeune artiste.
Pour son 7e show chez la Galerie Perrotin, l’artiste belge Pieter Vermeersch poursuit son exploration de la matérialité, du temps et de l’espace sur de larges toiles, « distendues comme le temps et défiant la gravité », et des pierres précieuses (agate, marbre, bois calcifié) partiellement sérigraphiées par l’artiste. Elles représentent le contraste entre les « millions d’année de vie des pierres et de la nature en général, et la brièveté de notre temps sur terre ».