“Dégage!“, “dégage!“. Ils étaient entre 150 et 200 Algériens réunis dimanche 24 mars à Union Square pour demander la démission de leur président Abdelaziz Bouteflika, et pour soutenir leurs “frères d’Algérie“, encore présents dans les rues du pays pour un cinquième vendredi consécutif vendredi 22 mars.
L’Algérie traverse une crise politique sans précédent. Le 11 mars, le peuple a contraint Abdelaziz Bouteflika à renoncer à briguer un cinquième mandat. Mais le président algérien a annoncé rester au pouvoir jusqu’à la fin de l’année le temps d’organiser de nouvelles élections, une décision jugée inacceptable par une majorité d’Algériens qui souhaitent un départ immédiat de “Boutef” et de son parti le FLN (Front de libération nationale).
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“Nous demandons leur départ et la mise en place d’une assemblée constituante, point de départ d’une deuxième république“, résume Amara Challal, l’un des organisateurs de l’événement new-yorkais. L’homme de 42 ans explique avoir été contraint de quitter son pays il y a 17 ans pour trouver du travail aux Etats-Unis. “Je n’avais aucun avenir en Algérie, alors que le pays est richissime. On en a marre de ce pouvoir mafieux qui est capable de dépenser 1.000 milliards de dollars à l’étranger en vingt ans, mais qui ne peut pas construire une école correcte au pays”.
Originaire de Tizi Ouzou, Sassia vit à New York depuis 2007. Elle a fait le choix de venir à la manifestation en famille avec son mari et le fils d’une amie, parce que “toutes les générations sont touchées par la pauvreté et le chômage en Algérie”. Elle explique avoir quitté un pays “sans avenir” dont le seul espoir des habitants est de “prendre un bateau ou un avion pour partir”.
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Comme lors des manifestations en Algérie et en France, certaines pancartes brandies sur la place d’Union Square rivalisaient de créativité. On pouvait notamment lire “le seul mandat que vous méritez est un mandat d’arrêt“, “the president is missing. Reward: a new republic (le président a disparu. Récompense: une nouvelle république)” ou “nous ne sommes pas sur Facebook mais dans la rue“. Mais dans la foule, on entendait surtout des critiques envers la France et Emmanuel Macron. “La France a aidé le pouvoir actuel à rester en place, et bénéficie en retour de pétrole et de gaz gratuit”, dénonce Noe Mellal, un architecte de 29 ans. Pour Salim Boukaïs, 23 ans, “Macron a déclaré qu’il était pour une transition. Mais il veut remplacer le système en place par les mêmes personnes plus jeunes pour préserver les intérêts économiques de la France”.
Parmi les manifestants interrogés, tous partageaient un désir commun, celui d’une transition politique réussie qui leur permettrait de rentrer en Algérie. “Notre principal slogan ici est: “partez pour qu’on puisse revenir au pays””, lance Noe Mellal. “Bien sûr que j’espère rentrer”, indique Salim Boukaïs. “Mes frères et soeurs sont en Algérie. Si j’avais le choix, je serais avec eux au bled”, confie quant à lui Amara Challal, avant de donner rendez-vous à Union Square dimanche 31 mars pour une nouvelle manifestation.