Il criait, contestait et prenait le public à parti. Ce n’était pas qu’un joueur de tennis, mais aussi un personnage dont le caractère et la technique faisaient jeu, set et match. Son nom? John McEnroe. Un réalisateur français en a fait un documentaire nommé “L’empire de la perfection”. Il est actuellement diffusé au Film Forum jusqu’au 4 septembre.
Cela faisait en effet plusieurs années que Julien Faraut travaillait en tant que réalisateur au sein de l’INSEP (Institut National du Sport) à Paris. Le 8 avril 2011, alors qu’il effectuait des recherches dans les archives de l’institut, il fit une trouvaille: des images authentiques prises par le cinéaste et tennisman Gil de Kermadec. Sur ces bobines de 16 mm? John McEnroe. Ce joueur américain, réputé pour son service infaillible et sa personnalité explosive, avait dominé le tennis au début des années 80. « Ce que j’étais en train de visionner était incroyable et riche. Il y avait là un potentiel fort pour traiter tant le cinéma que l’essence même du tennis », explique Julien Faraut.
Son nouveau projet prit alors forme. « En général, on réalise un documentaire que l’on va étoffer d’archives. Ici, c’était l’inverse, je suis parti des archives pour établir une trame. C’est ce qui a fait l’originalité du documentaire. »
Numéro un mondial de son époque, John McEnroe était parvenu à comptabiliser 77 titres en simple et 72 titres en double. Une détermination qui a inspiré le réalisateur : « Je voulais que les gens comprennent mieux John McEnroe. Certains l’aimaient, d’autres le détestaient. C’était un perfectionniste, il contrôlait tout dans un match, y compris le moment où il allait conclure le point».
Le tennis reste en effet une des seules disciplines où le temps n’est pas imparti. Un élément clé sur lequel Julien Faraut s’est aussi appuyé : « Dans ce sport, c’est au joueur d’aménager le temps pour gagner son match, et cela crée des scénarii incroyables », poursuit-il.
« Le sport ne ment jamais »
Une citation de Jean-Luc Godard résume le documentaire: « Le cinéma peut tricher mais le sport, lui, ne ment jamais ». Une question qui s’est avérée centrale pour le réalisateur : « Le sportif peut difficilement cacher ses émotions. Et la fiction est capable de tout reproduire, à l’exception du geste sportif. Cette incapacité à reproduire, elle aussi, est cruciale. »
C’est donc en se basant sur la personnalité d’un joueur et sur cette recherche de perfection que s’est construit le documentaire. La narration de Mathieu Amalric est émaillée d’images rares, toutes enregistrées à Roland Garros. Les plans, plutôt serrés, font l’impasse sur l’adversaire. « J’ai choisi des plans serrés pour donner une dimension émotionnelle à mon travail. On appréhende alors le tennis et le joueur sous un autre angle ».
Le documentaire offre une rétrospective intéressante sur la technique et le parcours du joueur. On aurait cependant aimé voir des scènes plus “légères” pour marquer une rupture avec ces râlements répétitifs. « L’empire de la perfection » comblera malgré tous les fans de John McEnroe qui idolâtreront encore plus le tennisman après avoir visionné ce film.