Dans le cadre de la campagne des législatives françaises, Maudits Français dresse le portrait de chacun des douze candidats au poste de député des Français d’Amérique du Nord (Canada et États-Unis). Le premier tour du scrutin commencera dès le vendredi 27 mai pour le vote en ligne et se tiendra le samedi 4 juin dans les bureaux de vote.
Yann Réminiac est le premier candidat représentant le Parti Breton dans la première circonscription des Français établis hors de France. Expatrié au Québec depuis mars 2021, il a choisi de souligner son engagement pour sa région de cœur, la Bretagne, en se portant candidat aux élections législatives. Sa suppléante se nomme Magalie Julienne.
Après avoir vécu durant vingt ans dans la région de Rennes, ce Français de 46 ans, originaire d’ Île-de-France, a décidé de s’envoler pour l’Amérique du Nord. Il a d’abord travaillé dans un supermarché, puis dans le secteur de l’hôtellerie. Aujourd’hui, Yann Réminiac est de retour sur les bancs de l’école et suit une formation de secrétariat dans la ville de Sherbrooke.
Il s’agit de sa deuxième tentative d’entrée dans le monde politique. Yann Réminiac s’était déjà présenté en 2017 en vue de devenir député dans une circonscription bretonne, sans succès. Il compte désormais se faire connaître auprès des Français d’Amérique du Nord sous les couleurs du Parti Breton, le parti nationaliste fondé en 2003 et présidé par Mathieu Guihard. Le Parti Breton est représenté dans 34 circonscriptions pour ces élections législatives, dont deux situées en dehors de l’Hexagone – l’Amérique du Nord et l’Europe Centrale.
L’une des priorités du parti est d’accentuer la décentralisation afin que la région bretonne puisse acquérir davantage d’autonomie au niveau décisionnel : « Il n’y a pas qu’à Paris que les choses se passent, certaines régions sont sous-représentées », assure le candidat.
Yann Réminiac souhaite assurer une meilleure représentation des minorités, les rendre visibles et leur donner le désir de participer à la vie politique française et européenne. « On veut remettre l’humain dans l’action, créer quelque chose ensemble, rassembler les gens déçus de la politique pour pouvoir recréer de la politique participative. » Le Parti Breton se donne également pour mission de faire reconnaître une co-officialité des langues comme le breton, le corse ou encore le basque et d’œuvrer pour leur protection.
Yann Réminiac est désireux de voir collaborer la Bretagne et le territoire nord-américain qu’il décrit comme « une terre de mixité ». Il rappelle que de nombreux Bretons ont traversé l’Atlantique au cours des siècles derniers en quête d’opportunités professionnelles, donnant naissance à de nouvelles générations de Québécois. Le féru d’histoire conseille aux plus curieux la lecture de l’ouvrage L’émigration bretonne de l’auteur Marcel Le Moal.
« Si je devais être député, le but serait de bâtir le Québec et le Canada de demain, que l’on crée des ponts entre la Bretagne et le continent américain dans un esprit de fraternité », appuie le candidat, avant d’évoquer la compagnie Ubisoft. Désormais bien implanté en Amérique du Nord, le géant du jeu vidéo a été fondé par cinq frères dans le département breton du Morbihan.
S’il est élu député, Yann Réminiac assure qu’il cherchera à faciliter les démarches de visas, l’accès aux soins médicaux et aux différents services publics ainsi que la compréhension des systèmes d’impôts américains. Directement concerné par ces problématiques administratives laborieuses, il compte mettre « toute l’énergie nécessaire » dans l’amélioration du quotidien des expatriés.
Le candidat souhaite également améliorer l’image renvoyée par ses compatriotes à l’étranger : « Les Français ont une réputation de râleurs », souligne-t-il avec une pointe d’humour. Il envisage d’encourager la création d’associations et d’événements culturels français voire spécifiquement bretons. L’objectif, assure-t-il, est de favoriser les rencontres et les échanges entre expatriés mais aussi de créer un pont avec les populations locales. Un tel besoin subsiste, selon lui, particulièrement dans les petites et moyennes villes telles que Sherbrooke où il réside actuellement, car « ce n’est pas facile lorsqu’on est loin des grands centres urbains. »
Pour Yann Réminiac, voir le Parti Breton représenté à l’étranger et, qui plus est, par lui-même, constitue d’ores et déjà un accomplissement : « Quel que soit le résultat, on a déjà réussi. » Si le candidat compte s’installer sur le long terme au Québec, sa fidélité à la Bretagne reste intacte. Même s’il s’agit pour lui d’un défi gigantesque, il entreprend cette aventure électorale avec aplomb : « On me connaît comme quelqu’un d’assez fou pour y aller, alors j’y vais ! »
Le candidat adresse un message aux électeurs : « Il est temps de changer le monde à notre échelle, petit à petit. Nous faisons face à des problématiques d’insécurité internationale et de changements climatiques. On doit prendre des décisions pour l’avenir et nous remettre en question. Un vote pour un petit parti peut faire la différence. »
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