“En juin, votez Damien“. Damien Regnard sait comment conclure un meeting politique. Nous sommes lundi 22 mai au restaurant Opia à Manhattan. Une trentaine de curieux – dont quelques Fillonistes et le roi du stylo Bruno Bich – sont venus écouter le candidat divers droite.
C’est la deuxième élection législative de ce conseiller consulaire – il avait été le “troisième homme” de l’élection partielle de 2013 – mais le positionnement de ce Français arrivé il y a près de 30 ans en Louisiane pour monter la filiale d’une entreprise française n’a pas changé: s’afficher comme le candidat de droite, local, qui connait sur le bout des doigts les dossiers liés aux Français de l’étranger (éducation, fiscalité…).
Il faut dire qu’aucun candidat dans cette législative nord-américaine (3 et 17 juin) n’a occupé autant de postes dans la vie communautaire: élu à l’Assemblée de l’étranger, ancien président d’une chambre de commerce franco-américaine, directeur de l’Union des Français de l’étranger en Louisiane, conseiller du commerce extérieur, administrateur de la caisse des Français de l’Etranger… Il peut ajouter à son CV quelques lignes sur son implication dans le lancement d’écoles et de programmes FLAM (Français Langue Maternelle) au Texas et en Louisiane.
D’ailleurs, n’allez pas lui dire qu’un député est un “élu de la nation“. Les questions de calcul des bourses scolaires et de lutte contre la loi FATCA le bottent plus que les grands débats nationaux. “Ce n’est pas moi, Damien Regnard, qui va modifier le point d’indice des retraites, changer le chômage en France. Je ne suis pas ministre de l’économie, ni ministre du budget. On me parle de la Syrie ? Je ne suis pas ministre des Affaires étrangères.”
En 2013, Damien Regnard avait présenté sa candidature contre celle de Frédéric Lefebvre,. Quatre ans plus tard, il récidive. Cette fois, il dispose d’un bilan sur lequel attaquer son adversaire de droite. Dans les interviews et les meetings, il l’accuse pèle mêle d’employer sa femme comme assistante parlementaire, de se rendre dans la circonscription pour “faire des selfies“, de s’arroger des succès qui en réalité ne lui appartiennent pas. Surtout, il lui reproche d’avoir abandonné son camp, Les Républicains, en cherchant à se rapprocher d’Emmanuel Macron, avec lequel le député n’hésite pas à afficher sa proximité. “On est orphelin“, répète Damien Regnard, qui se revendique de la ligne de François Baroin. “Je suis fidèle à ma famille politique, à mon engagement depuis l’âge de 16 ans“.
Ce discours pourrait bien séduire les anti-Lefebvre. Mais Damien Regnard veut viser plus large. Se décrivant comme un “pragmatique qui a toujours travaillé pour le rassemblement“, il souhaite “donner au nouveau président sa chance“. “Je n’ai aucune inquiétude sur la direction que veut prendre le président Macron. Sur la réforme du travail, la sécurité, les engagements militaires, je suis sur la même ligne“. Il cite toutefois la hausse de la CSG annoncée par le nouveau président – impôt qu’il veut “supprimer et obtenir un remboursement” pour les Français d’Amérique du Nord – et la possible réduction du nombre de parlementaires comme des points de désaccord. “Je trouverais dommage que les Français de l’étranger, population qui croît, ne soient plus représentés“.
Son crédo: faire de la “diplomatie politique“, comprenez se rapprocher des élus canadiens et américains – “maires, sénateurs, gouverneurs” – pour “mettre de l’huile dans les rouages” afin d’aider des entreprises à s’installer ou régler les problèmes liés à l’application de la loi bancaire FATCA par exemple. “On ne réglera pas ces problèmes si on ne parle pas au côté américain”.
N’aurait-il pas préféré avoir l’étiquette Les Républicains ? “Ce n’est pas un handicap, surtout quand le sortant à un bilan assez négatif. Il y a des partis tout nouveaux qui, en trois mois, ont réussi à faire des présidents. L’étiquette peut aider dans certains cas si le candidat est bon, mais quand le candidat a trahi ses électeurs et sa famille politique pendant l’élection présidentielle, je ne vois pas pourquoi les gens de cette famille politique le soutiendraient“.