Dans le cadre de la campagne des législatives françaises, French Morning dresse le portrait de chacun des candidats au poste de député des Français d’Amérique du Nord (États-Unis et Canada). Le premier tour du scrutin commencera dès le vendredi 27 mai pour le vote en ligne, et se tiendra le samedi 4 juin dans les bureaux de vote.
Elle est la benjamine des candidats déclarés à la législative en Amérique du Nord. À 32 ans, Florence Roger se lance dans la course sous les couleurs de la NUPES (Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale), la coalition formée par La France Insoumise, Europe Ecologie Les Verts (EELV), le Parti communiste et le Parti Socialiste à l’issue de tractations post-présidentielle. Son suppléant est Oussama Laraichi, un conseiller des Français de l’étranger membre d’EELV installé à Chicago. « C’est une campagne exaltante. Du fait de l’union de la gauche, l’équipe devient énorme. Il y a plein de gens qui nous contactent : des anciens de l’Assemblée nationale, des sénateurs… », souligne la candidate, médecin généraliste installée à Montréal depuis un an.
C’est la première campagne électorale de cette native d’Auch, venue au militantisme à la fac de médecine. Après avoir fait des collectes pour les Restos du Cœur, elle rejoint l’Association des internes de médecine générale pour réclamer de meilleures conditions pour les étudiants. « Ce sont des études très difficiles, délétères pour la confiance en soi et le bien-être psychologique. Notre rôle était de soutenir les internes en mettant en place des outils d’évaluation ou de simulation pour les aider dans leur orientation », explique-t-elle.
Son diplôme en poche, elle part travailler près de Montauban, « dans un désert médical », et rejoint le plus grand syndicat de généralistes en France, MG France. La politique, c’est une affaire de famille pour Florence Roger. Son oncle est maire d’un village de « quarante-cinquante habitants » dans le Gers. « Ce côté de la famille est très Parti communiste ». Son père, lui, fut militant écologiste dans les années 1990. « Il a trois frères. Lors des dîners de famille, on est trente à table et on parle politique ! »
Comme beaucoup de Français de sa génération, Florence Roger se dit « éco-anxieuse ». Pour elle, la médecin, la situation climatique actuelle a de nombreux points communs avec les premières heures de la crise sanitaire, marquée par une forme de déni ou de sous-estimation. « Au début de la Covid, on n’en ressentait peu les effets mais lorsque cela nous est tombé dessus, ça a été terrible. De la même manière, pour le climat, il va se passer quelque chose de très grave mais c’est plutôt invisible pour le moment », dit-elle.
Pour faire face à ce défi, elle croit en un changement radical de paradigme économique. Ce que prône La France Insoumise (LFI). « À l’heure actuelle, les idées de gauche ont été noyées par des technocrates issus plus ou moins des mêmes écoles et formations, imprégnées de néo-libéralisme. Pour moi, non seulement est-ce incompatible avec la bifurcation écologique mais, en plus, ce n’est pas être de gauche, explique-t-elle. Il n’y a que chez La France Insoumise que j’ai retrouvé cet éco-socialisme qui devrait être à la base de tout militantisme écolo de gauche. »
Florence Roger peut s’appuyer sur les bons scores de Jean-Luc Mélenchon à Montréal, la plus grande communauté française de la circonscription. Il était arrivé en tête au premier tour avec 34% des voix (contre 31% pour Emmanuel Macron). En revanche, aux États-Unis, l’Insoumis avait fait nettement moins bien que le président sortant (12% contre 58%). Il s’était néanmoins hissé à la deuxième place au pays de l’Oncle Sam. Pour faire la différence, la candidate compte « remettre l’écologie dans le débat », rappelant à ses concurrents déclarés que « la maison brûle, les gars ! ». L’économiste Gaël Giraud, prêtre français fondateur du programme de justice environnementale à Georgetown University, voudrait même organiser une conférence avec elle, précise Florence Roger.
Elle entend aussi se « battre pour les problématiques des Français de l’étranger », comme le renforcement du réseau consulaire. Elle prône aussi des investissements supplémentaires dans l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE) pour augmenter le budget des bourses scolaires et développer des options gratuites ou abordables d’enseignement en français face à l’offre privée, très coûteuse. « Le budget du ministère des Affaires étrangères, dont dépend l’AEFE, est à environ 1% du budget total de l’État français, c’est un scandale », estime-t-elle.
Parmi les autres sujets qu’elle considère « inacceptables » : le délai de carence de trois mois pour bénéficier des droits à l’Assurance Maladie ou encore le minimum de quinze ans de cotisation demandé aux Français de l’étranger pour que leurs frais de santé soient pris en charge lors de leur séjours temporaires en France.
Elle milite aussi pour donner plus de moyens financiers à TV5 Monde, la chaîne francophone, de manière à accroître le rayonnement de la francophonie dans le monde. « Ce qui sous-tend l’idéologie et la politique de Jean-Luc Mélenchon, c’est que tout est une question de volonté politique, dit-elle. Franchement, combien le gouvernement a-t-il dépensé pendant la crise Covid ?, demande-t-elle. Des financiers qui n’y connaissent rien prônent une rigueur. Mais l’État n’est pas là pour imposer une rigueur. Il est là pour le bien-être des individus et des citoyens. »
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