Le député sortant Les Républicains récolte aux alentours de 14% des voix dans la circonscription Amérique du Nord, un score décevant qui le qualifie au deuxième tour mais très loin derrière Roland Lescure, le représentant de La République en marche (58%).
Confronté à la ferveur macroniste qui a saisi les Français d’Amérique du Nord (45% au premier tour de la présidentielle), Frédéric Lefebvre avait choisi de se placer dans la roue du nouveau président de la République, mais sans bénéficier de l’étiquette La République en Marche, accordée à Roland Lescure. Lors du débat électoral French Morning-Maudits Français du 23 mai, il avait ainsi répété à plusieurs reprises bien connaître Emmanuel Macron, allant jusqu’à l’appeler par son prénom, tactique répétée dans son dernier e-mail de campagne: “Depuis plusieurs années, avec Emmanuel, notre nouveau président, nous partageons la certitude que la seule solution pour réformer la France est d’additionner les gens raisonnables autour d’objectifs communs”.
Le stratégie semble bien s’être retournée contre le député sortant, puisqu’il fait un score inférieur à celui de François Fillon à la présidentielle (15% contre 21%). Chez les militants de droite, l’échec ne surprend pas. “C’était prévisible: vu le positionnement adopté par Frédéric Lefebvre, les gens ont soit décidé de voter pour l’original, c’est-à-dire le candidat officiel d’En Marche!, soit ne se sont pas déplacés”, note Eric Thoby, ancien président du comité de soutien de François Fillon à New York, qui avait critiqué le peu d’implication du député sortant lors de la présidentielle.
Pour autant, la méfiance d’une partie des électeurs de droite vis-à-vis de Frédéric Lefebvre n’a pas bénéficié à Damien Regnard, candidat indépendant qui se revendiquait de la “Majorité pour la France”, le slogan du parti Les Républicains. Alors qu’il avait réussi à atteindre 12% des voix en 2013, il ne rassemble cette fois que 3%. Joint par French Morning lundi matin, il n’a pas souhaité commenté, réservant ses réactions pour “plus tard dans la semaine”. Mais un des ses soutiens, l’élu à l’Assemblée des Français de l’étranger Richard Ortoli confiait dès samedi soir, lors de la soirée électorale de French Morning, sa préférence pour Roland Lescure pour le second tour. Les bisbilles et accusations mutuelles entre MM Regnard et Lefebvre ont sans doute compliqué les perspectives de report vers Frédéric Lefebvre pour le second tour, reports qui seront de toute manière insuffisants.
Pour espérer être compétitif face à Roland Lescure le 17 juin, Frédéric Lefebvre poursuit néanmoins dans sa stratégie macroniste. Sollicité par French Morning, il n’a pas donné suite à nos demandes d’interviews, mais nous a fait parvenir un communiqué de presse où il présente les résultats du premier tour comme une victoire… du camp d’Emmanuel Macron auquel il s’associe. Les Français d’Amérique du Nord “ont été plus de 70% à choisir les deux candidats qui soutiennent le nouveau président de la République Emmanuel Macron” affirme-t-il, additionnant ainsi son score et celui de son adversaire Roland Lescure dans une gymnastique électorale innovante.
Attaquant Roland Lescure qu’il “accuse” de ne pas connaître le nouveau président, il répète ses affirmations d’avant premier-tour: “je suis l’unique candidat à connaître le nouveau président. Ma proximité avec Emmanuel Macron est bien réelle. Nous nous parlons souvent. Nous travaillons ensemble. Nous partageons une même vision.” Objectif affiché: convaincre les Français d’Amérique du Nord qui souhaitent soutenir Emmanuel Macron que voter pour le candidat de son parti, La République en Marche, n’est pas le meilleur moyen de le faire.