Il n’y avait que le réalisateur un poil déjanté Michel Gondry pour avoir le culot d’adapter le roman « L’Ecume des Jours » de Boris Vian à l’écran. Le film sort à New York et Los Angeles le 18 juillet.
Michel Gondry, à qui l’on doit déjà l’excellent « Eternal Sunshine of the Spotless Mind » et le moins excellent « La science des rêves », semble trouver dans le roman de Vian toute la matière nécessaire pour satisfaire son imagination débordante et sa soif d’excentricité.
L’oeuvre littéraire ne serait-elle alors qu’un prétexte orienté vers ce dessein? Difficile à dire. En revanche, on sent que le réalisateur évolue dans son élément, et que la multitude de scènes qui se succèdent dans un Paris retro ont dû être jubilatoires à tourner pour lui. A tel point que le décor semble être le personnage central du film. Pourtant, l’histoire met en scène d’autres protagonistes.
Colin (Romain Duris), jeune homme aisé à la créativité débordante, vit dans une maison remplie d’inventions farfelues, et est très ami avec son cuisinier, Nicolas (Omar Sy). Lors d’une soirée, il rencontre la jolie Chloé (Audrey Tautou). C’est le coup de foudre entre les deux jeunes gens qui se marient quelques temps après. Leur histoire idyllique ne durera pas puisque Chloé a une maladie très grave : un nénuphar pousse dans son poumon. Sa santé se dégrade rapidement et Colin jongle de petits boulots en petits boulots pour pouvoir payer les frais médicaux, de plus en plus élevés. Leurs amis semblent aussi affectés par cette terrible fatalité et leurs relations se délitent lentement, à l’image de Chick (Gad Elmaleh), inconditionnel d’un certain Jean Sol Partre, et de sa fiancée Alise (Aïssa Maïga).
Les inventions les plus folles créées sous la plume de Boris Vian prennent vie sous la direction de Michel Gondry. On se trouve soudainement captivé par le “pianocktail” qui, malgré quelques réglages un peu hésitants, a la faculté étonnante de préparer des boissons tout en jouant une petite mélodie.
Les objets sont tous animés. Rien n’est à l’arrêt, à l’image du nénuphar qui grandit dans le poumon de Chloé et de l’épreuve du temps sur l’appartement du couple. Avec son univers particulier, entre loufoque, poésie et humour, Michel Gondry essaie de coller à l’univers du roman de Boris Vian. Le duo Audrey Tautou-Romain Duris, dont la complicité n’est plus à prouver depuis leur collaboration dans « L’Auberge Espagnole » de Cédric Clapish (2002), est convaincant, sans pour autant être épatant.
Il est toujours difficile d’adapter sur grand écran une oeuvre littéraire, mais Michel Gondry s’en sort plutôt bien. Le film, tout comme le roman, reste surtout une histoire de goûts : cet univers peut donner le tournis à certains et en enchanter d’autres.
Le film a remporté le prix du Meilleur Décor à la 39ème cérémonie des Césars. Une version plus longue de « L’Ecume des Jours » existe également et a été projetée dans plusieurs pays, dont la France. Aux Etats-Unis, c’est la version courte qui sort.
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Vian et Tautou, quoi d’ autre demander de la vie?!?