Fondée en 2016 à San Francisco, l’école Holberton n’en finit plus de grandir. La structure qui forme des ingénieurs informatiques a ouvert ses portes en France le 7 septembre, pour le plus grand plaisir de ses co-fondateurs français, Sylvain Kalache et Julien Barbier. « On a un ADN français et ce n’est donc pas un lancement classique. Ça nous fait chaud au cœur de se développer en France ! » confie Julien Barbier, également CEO.
L’école planifiait de s’installer à Paris en 2021, mais l’actualité a accéléré le processus. D’abord, la mise en liquidation judiciaire de SUPINFO (école supérieure d’informatique de Paris, dont sont sortis Sylvain Kalache, co-fondateur, et Julien Cyr, directeur des opérations) a encouragé l’équipe à se mobiliser. « On a fait une offre de reprise et on voulait proposer aux étudiants de SUPINFO de rejoindre Holberton gratuitement » raconte Julien Cyr.
Ensuite, la crise liée à la Covid-19 a motivé une ouverture anticipée. « Le chômage a beaucoup augmenté en France et notre école offre la possibilité de retrouver du boulot avec une formation rapide et pratique. Les ingénieurs sont le pétrole d’aujourd’hui et la France est en retard. On tenait à aider. On a beaucoup travaillé et on a réussi à convaincre le board d’investir un million d’euros dans le projet » explique Julien Barbier. Une somme permettant à quelque 160 étudiants de bénéficier d’une première année de scolarité gratuite.
Avec cette nouvelle ouverture, Holberton compte désormais 13 campus répartis dans 7 pays. À leur palmarès : les États-Unis, la Colombie, le Mexique, l’Uruguay, Puerto Rico, la Tunisie et le Liban. Et Julien Barbier de compléter : « On va partir de plus en plus à l’Est, jusqu’à l’Asie, et faire le tour du monde ! Nous avons beaucoup de demandes pour répliquer notre modèle ». Un modèle inédit qui place la pratique au cœur des apprentissages. Pas de salle de cours ni professeurs, mais des projets collaboratifs entre élèves et une structure très cadrée.
L’objectif : former des talents capables de s’adapter aux technologies de demain. « Si nos parents n’avaient qu’un seul métier, aujourd’hui, c’est impossible. La 4ème révolution industrielle se fait par la transformation digitale et ça va très vite. Il faut s’adapter. Les métiers évoluent ou disparaissent. À Holberton, on apprend donc aux étudiants à apprendre. Ça fait la différence » affirme le CEO Julien Barbier.
Des programmes de 12 et 18 mois permettent de former les futurs ingénieurs du domaine de la tech. Intelligence artificielle, réalité virtuelle ou développement web… Les formations comportent 9 mois de fondamentaux suivis de spécialisations. « Et avant même la fin du cursus, certains étudiants trouvent des jobs aux salaires équivalents à ceux qui sortent de Harvard » assure Julien Barbier.
Les talents, sélectionnés grâce à l’algorithme d’un logiciel automatisé, présentent des profils divers. « On filtre sur la motivation et il y a des musiciens, des chauffeurs Uber, des jeunes qui débutent, des personnes en reconversion… c’est ce qui fait la richesse des promotions » précise le CEO qui ajoute : « on vise la formation d’un million d’ingénieurs d’ici 2030. »
Autre caractéristique notable : les étudiants paient leur scolarité grâce au système ISA (Income Share Agreement). Inutile de s’endetter en amont, ils s’engagent à reverser 17% de leur salaire à la sortie. Et ce, pendant 3 ans et demi. Une approche qui séduit de plus en plus, mais reste illégale en France pour le moment. « On apporte une alternative aux modèles éducatifs classiques tout en apportant de la croissance économique aux régions. On cherche encore des solutions pour faire marcher ce modèle en France ! Nous avons collaboré avec des entreprises comme des gouvernements, nous sommes ouverts à collaborer avec le gouvernement français !» explique Julien Barbier.
De nombreux investisseurs et acteurs de la tech renommés soutiennent leur idée et sont derrière le succès de l’école. De Jeff Weiner, ancien CEO de Linkedin à Jerry Jang, fondateur de Yahoo!. En ouvrant une filiale en France, l’équipe d’Holberton souhaite apporter toute cette expertise aux étudiants français qui vont rejoindre en ligne les étudiants des autres pays.
Holberton nourrit l’ambition de combler les manques et d’offrir une réponse aux problématiques actuelles, d’économie, de développement et de formation. « On serait heureux d’apporter notre pierre à l’édifice. Surtout que notre modèle prouve qu’il est possible d’unir la qualité et la quantité. On a réussi à faire bouger le système américain en 5 ans… Alors tout est possible, il suffit de rêver très fort » conclut le co-fondateur Julien Barbier. Son espoir ? Pouvoir soulager efficacement les pertes d’emplois à venir.