La toute jeune marque française d’eau minérale naturelle Bonneval se lance aux Etats-Unis. Et c’est à Austin que les premières bouteilles apparaissent. Commercialisée depuis mars dernier en France, cette eau savoyarde, qui provient d’une source artésienne des Alpes françaises, fait son entrée dans les épiceries fines de la capitale texane, réputée être la ville environnementaliste d’un État en pleine transformation. « La France est un marché très dur, il y a beaucoup plus de résonance à l’étranger. Ici, le consommateur américain a une compréhension plus sereine, commente David Merle, co-fondateur et directeur général de la marque. De plus, l’eau est un vrai problème, elle est souvent imbuvable en Amérique. Actuellement, nous observons une tendance forte du bio aux États-Unis où les gens ont plus conscience des bienfaits de l’eau. Les sodas sont moins prisés. »
Le lancement, qui se déroulera sur une période d’essai de six mois, devrait permettre à l’entreprise de parvenir, à terme, à s’implanter au Texas et de devenir un produit de référence. Le rêve américain pourrait alors prendre forme. Pour David Merle et son associé Jean Moueix, l’un des héritiers du domaine Petrus, cela les conforterait dans leur expansion. « L’eau minérale est un sujet complexe. Le consommateur a plus de confiance dans des marques de proximité. L’eau de Bonneval est millénaire, c ‘est une source dont nous ne prélevons que 20% des capacités pour ne pas casser le cycle de la nature. Nous sommes juste des passeurs d’eau. Nous souhaitons redonner des valeurs aux consommateurs », explique David Merle qui attache une importance particulière à la préservation de cette ressource et à l’environnement.
Au prélèvement d’une fraction minimale s’ajoute plusieurs choix industriel éco-responsables : les bouteilles sont constituées à 100% de matières recyclées et recyclables, les étiquettes sont en matériaux bio-sourcés avec de l’encre 100% biodégradable, les bouchons sont entièrement recyclables, le tout conditionné dans des emballages en carton à la place du pack traditionnel en plastique. « Nous essayons de tout faire pour que l’eau reprenne sa place. Bonneval a deux mille ans d’existence et n’a jamais connu aucune forme de pollution industrielle. Elle est d’une pureté exceptionnelle et d’une grande minéralité, notamment calcium et magnésium », ajoute cet amoureux de la Savoie.
La source a un débit de 100 m3 par heure, autrement dit elle offre la possibilité d’un embouteillage de 2,4 millions de bouteilles chaque jour. Pour l’instant, les capacités de production se chiffre à plusieurs centaines de milliers bouteilles contre une ambition affichée, avant la pandémie de Covid, de 25 millions de bouteilles par an, 20 000 bouteilles par heure. Car le projet d’exploitation, longtemps dans les tuyaux (dix ans) ne s’est concrétisé qu’en 2017 avec le rachat de la société Bonneval Emergence par Jean Moueix. L’entrepreneur de 35 ans, l’un des négociants les plus connus dans le monde viticole, propriétaire du négoce Duclot, acteur majeur de la commercialisation des grands crus bordelais, est un passionné d’eau et rêvait en secret de posséder une source. Tout comme David Merle fanatique de montagne, ingénieur des Ponts et chaussées, passé par le monde des start-up et de l’investissement dans le secteur de l’énergie. Tous les deux associés ont façonné ce projet pas à pas.
Pour garder le site de la source intégrale, les deux associés ont édifié une usine d’embouteillage (dont l’électricité est 100% verte) à 5 kilomètres de celle-ci, non loin de Bourg-Saint-Maurice, et les camions fonctionnent au bioéthanol. Comme l’eau minérale de Bonneval, ils sont en résonance avec la nature, soucieux d’une clientèle en recherche de marque authentique. Depuis le mois de septembre, la marque, distribuée par Monoprix en France, a sorti une version gazeuse de l’eau dont le caractère tient à ses fines bulles. Bientôt proposées en duo, David Merle et Jean Moueix rêvent de redonner sa « vraie place » à l’eau et surtout la faire vivre et connaître au-delà des frontières française.