Trois mois que la rumeur enflait… Le Tout Va Bien, cette institution bistrotière du quartier des théâtres de Broadway à Hell’s Kitchen, rouvre ses portes ce jeudi 16 mai (un jour plus tard que prévu initialement). Depuis quatre ans, l’établissement, l’un des plus vieux restaurants français de Manhattan, affichait portes closes, crise du Covid oblige. Il aura fallu la passion et l’engagement d’un homme pour croire dans le renouveau du Tout Va Bien. Lui, c’est Vincent Caro, bien connu dans le milieu de la restauration. Déjà à la tête de plusieurs restaurants dont Bistrot Eloïse à Jackson Heights et Chez Olivia à Astoria (il vient de revendre ce dernier pour se concentrer sur son nouveau projet), le chef-entrepreneur n’a pas choisi le Tout Va Bien par hasard.
« Je suis arrivé à New York en 2005 et c’est l’un des premiers restaurants dans lesquels je suis entré. C’est vite devenu un point d’ancrage, un repère alors que je parlais à peine anglais. Je ne connaissais personne mais la famille Touchard (à qui appartenait le restaurant à cette époque et qui possède toujours le bâtiment dans lequel il est installé) m’a fait confiance. J’y suis resté 5 ans en tant que serveur ».
Vincent Caro décide de se mettre à son compte et lance plusieurs business florissants. Quand il croise par hasard Michael Touchard l’été dernier, il lui confie son envie d’investir à Manhattan. « Il m’a tout de suite proposé de reprendre le Tout Va Bien. Je n’ai pas hésité. Quelle fierté de rouvrir à mon nom ce bistrot qui signifie tellement dans ma vie à New York ! J’ai beaucoup d’ambition pour ce lieu. »
À quelques heures du grand jour, c’est l’effervescence derrière la devanture désuète. La cantine de théâtre, un tantinet vieillotte, a subi un joli lifting sous l’impulsion du restaurateur breton. « Moderniser en conservant l’âme, voilà mon objectif », insiste le nouveau patron des lieux.
Petits carreaux et briques new-yorkaises, mobilier bistrotier, banquettes moelleuses pour les bacchanales et bar confortable où s’envoyer un petit pastis, Vincent Caro a décidé de faire dans l’authentique à la mode parisienne. Et c’est réussi. Reste encore à accrocher les cadres d’époque, donner un petit coup de propre en cuisine mais on sent déjà une atmosphère presque familiale s’en dégager. Un air de déjà-vu rassurant dont seuls les lieux qui ont une âme peuvent se targuer.
Il faut dire que Le Tout Va Bien en a vu passer depuis son ouverture en 1948 : des touristes affamés d’après spectacle, des Français expatriés un peu paumés, les habitants du coin et même quelques célébrités – notamment Juliette Binoche et Kool Shen, se souvient Vincent Caro. Ils sont nombreux, de tous horizons, à avoir levé le coude, gaiement attablés devant une soupe à l’oignon, un bœuf bourguignon ou une blanquette roborative. Les nouveaux clients retrouveront bien évidemment ces spécialités aux côtés d’autres plats plus digestes « histoire d’attirer une clientèle plus jeune », espère Vincent Caro. Tartare de saumon, crevettes sautées à l’ail, moules marinières, thon snacké mais aussi des crêpes salées en clin d’œil à sa Bretagne natale.
Situé en plein cœur du quartier de Hell’s Kitchen, au coin de la 51e rue et de la 8e avenue, Le Tout Va Bien sera ouvert tous les jours pour le dîner et également à l’heure du brunch les week-ends. Et mérite amplement un pèlerinage dans ce coin de Manhattan que l’on réserve à tort aux after-Broadway.
Le Tout Va Bien, 311 W 51st Street, New York. Soft opening à partir du 15 mai, tous les jours de 4pm à 11pm. Réservation via Open Table.