Présente dans plus de 25.000 supermarchés aux États-Unis, La Tourangelle, entreprise familiale française a su séduire les américains. Son credo ? Des huiles de fruits secs – noix, amandes, pistaches…- produites de manière artisanale. Un positionnement de niche qui a conquis le palais des consommateurs. « On toaste les fruits dans des poêlettes en fonte et le pressage reste artisanal. C’est un processus à l’ancienne authentique qui permet de conserver le goût du fruit » explique Matthieu Kohlmeyer, président et CEO de la société.
Fondée en France en 1867, entre Saumur et Tours (d’où son nom), l’entreprise entre dans le giron familial en 1992. Depuis, elle ne cesse de s’épanouir. « Quand mon père a repris La Tourangelle, il y avait quatre salariés et il l’a fait grandir localement peu à peu. En 10 ans, ils étaient une douzaine et ça fonctionnait bien » raconte Matthieu Kohlmeyer. Et de se rappeler : « aux États-Unis à cette époque, c’était la révolution alimentaire. Le marché des huiles était en pleine expansion avec de plus en plus d’enseignes naturelles. On s’est dit que ce serait bien d’aller voir ! »
Diplôme d’école de commerce en poche, Matthieu Kohlmeyer profite de l’opportunité pour lancer son projet entrepreneurial. Un voyage à travers les US et une étude de marché plus tard, il crée en 2003 la branche américaine de La Tourangelle. Il implante les usines entre Sacramento et San Francisco, en Californie, un état réputé pour être le grenier du pays. De quoi s’approvisionner localement en pistaches, amandes et noix.
Pour s’y développer, le jeune homme d’affaire n’hésite pas à importer du matériel made-in France, comme de vieilles presses, et il fait tout installer sur mesure. Des ouvriers français viennent également former les ouvriers américains. « Certains ne parlaient même pas anglais ! C’était émouvant de voir la passation de savoir-faire entre eux » précise le CEO. Il réinvente aussi tout le packaging et met le paquet sur le marketing. « On voulait que notre produit soit bon dans un packaging qui soit beau et à des prix corrects » affirme Matthieu Kohlmeyer.
Si à l’époque, on ne trouve leurs bouteilles d’huile en métal que dans des magasins naturels, la marque s’étend rapidement au grand public. Et en deux ans, elle devient rentable. « Nous avons commencé à faire des bénéfices lorsque l’huile a été distribuée dans des enseignes plus larges. Après Safeway, on a atteint la rentabilité » explique le président.
Aujourd’hui, La Tourangelle compte 120 employés et réalise un chiffre d’affaire de quelque 55 millions de dollars. “On représente 2,3 % du marché des huiles et on continue de grandir ” détaille le CEO. La gamme des produits s’est en outre étoffée (huiles végétales – coco, sésame ou tournesol – importées auprès de fournisseurs méticuleusement sélectionnés, vinaigrettes ou sprays), les innovations concoctées dans leur laboratoire se sont multipliées (beurre d’amande ou sauce béarnaise en test) et la distribution s’est déployée à l’international (Canada, Australie, Chine, Japon, Hollande, Angleterre, etc.).
Dernière nouveauté en rayon : une huile végétale sans OGM dans une bouteille en plastique 100% recyclé. Un produit qui traduit l’engagement de l’entreprise pour aider la planète. « Au début, c’est un rêve de se développer aux US. Tu veux réussir. Puis tu deviens un acteur du marché, tu as un rôle à jouer et tu te demandes comment mettre ce succès au service de solutions citoyennes » confie Matthieu Kohlmeyer avant d’ajouter : « L’enjeu a donc évolué. Notre volonté aujourd’hui, c’est d’être source de croissance tout en ayant un impact positif. ».
L’objectif affiché par le CEO : doubler la taille de l’entreprise d’ici trois à quatre ans et atteindre un chiffre d’affaire de 85 millions de dollars. Mais pas « à tout prix ». « On veut le faire en aidant la planète. Faire partie des solutions et non pas du problème, notamment sur la question du réchauffement climatique » assure le président.
Concrètement, Matthieu Kohlmeyer applique au quotidien « la règle des 3 P » : People, Planet, Profit. Au sein de l’entreprise d’abord, avec une politique sociale avantageuse. Puis, dans la conception des produits. L’équipe a par exemple développé des vinaigrettes avec peu de sodium « parce que c’est bien meilleur pour la santé. ». Sur le plan des emballages, les bouteilles en plastique recyclé s’inscrivent dans cette démarche. Enfin, La Tourangelle développe une agriculture raisonnée et régénératrice, c’est-à-dire basée sur l’amélioration de la qualité des sols.
« Il existe des alternatives au tout bio qui revient très cher. Notre idée : faire le lien entre la qualité des sols, la santé du consommateur et la planète ». La Tourangelle lance ainsi des plantations pilotes (de tournesol) autour de leurs usines californiennes. L’entreprise compte bien rester à la pointe. Et innover pour faire entendre sa voix de plus en plus fort.