A 24 ans, Stéphane Malenou a déjà les réflexes du champion qu’il souhaite devenir : une bonne dose de confiance en soi, une belle tchatche et une grande ambition: être le meilleur. En ce lundi matin, il est souriant : le «Prédateur» vient de recevoir des mains de son manager, Damon de Berry, sa carte d’identité américaine de boxeur professionnel qui lui permettra de monter sur les rings américains.
Depuis mars, Stéphane Malenou s’entraîne tous les jours au célèbre Gleason’s Gym de Brooklyn. Dans cette salle de boxe mythique dont les rings, où l’on imagine encore Mohammed Ali s’entraîner, ont été immortalisés dans le «Raging Bull » (1980) de Martin Scorcese et le « Million Dollar Baby » (2004) de Clint Eastwood, Malenou se sent à l’aise. «Je suis venu à Gleason’s l’année dernière pour la première fois, se souvient-il. La salle était impressionnante. J’ai vu tous les rings, la qualité des boxeurs et je me suis dit ‘oufffffff’. C’est ici que ça se passe».
Né à Douala au Cameroun, Stéphane Malenou préférait, enfant, les gants de boxe aux crampons. «Au Cameroun, tout le monde joue au foot. Moi, je suis plus individuel» dit-il.
Il a 18 ans quand, de retour du Kazakhstan où il participait aux championnats du monde avec la sélection camerounaise, il profite d’une escale à Roissy pour commencer une aventure française qui durera six ans. Son premier combat : affronter les difficultés de la rue. Puis, il monte sur les rings du 14eme arrondissement de Paris, de Levallois-Perret et de Choisy-le-Roi en banlieue parisienne, obtient sa licence, et les premiers titres tombent. En 2003, il décroche la Coupe internationale des poids légers puis, en 2005, celle des poids welters.
Mais il en faut plus à Stéphane Malenou qui se voit déjà sacré champion du monde dans sa catégorie : «En arrivant en France, j’ai très vite compris que je n’étais pas dans le milieu de la boxe, se souvient-il. Je n’avais qu’une seule envie : partir le plus rapidement possible». La rencontre avec son manager actuel, Damon de Berry, ancien professionnel néo-zélandais, lui donne un ticket pour les Etats-Unis. «J’ai vu Damon plusieurs fois à Paris […] Il m’a dit : ‘Tu as beaucoup de potentiel. Je pense qu’on peut en faire quelque chose’, se souvient Malenou. Il m’a dit : ‘va à Gleason’s. Bruce Silverglade, le Directeur de Gleason’s, t’attend. Hector Rocha, entraîneur de plusieurs ex-champions du monde, t’attend.»
A Gleason’s, Malenou se sent «plus proche de la vérité». Aux Etats-Unis, «la Mecque de la Boxe», il obtient la reconnaissance que la France n’a pas su lui donner. «En France, on manque de managers et de promotion. Ca ne donne pas envie de pratiquer ce sport au plus haut niveau, explique-t-il. Ici, j’ai un manager qui s’occupe de moi. Il me paie les entraînements. Il s’occupe de mon alimentation […] J’ai vraiment l’impression d’être traité en professionnel […] Je n’ai qu’une seule envie maintenant, c’est de monter sur un ring ».
Un Gleason’s à Paris
C’est sur ce sentiment, qu’il pense répandu parmi les boxeurs français que veut tabler Damon de Berry, manager de Malenou chez Optimum Sports Agency, une agence de management sportif installée en France, en Angleterre et aux Etats-Unis, pour attirer d’autres jeunes professionnels de la boxe. Un ancien de Gleason’s lui-même, il souhaite ouvrir un Gleason’s Gym à Paris pour permettre à des boxeurs professionnels européens de venir travailler aux Etats-Unis : «Il y a un vrai besoin pour un centre de formation pour la boxe professionnelle à Paris, affirme-t-il. L’antenne parisienne de Gleason’s permettra d’attirer ces boxeurs […] et de favoriser, plus qu’aujourd’hui, leur insertion dans le marché américain ».
Pour sa part, Stéphane Malenou rêve déjà de voir son portrait accroché aux murs de Gleason’s, aux côtés de ceux des stars qui ont fait sa légende. Son premier combat est prévu pour le mois de juin. Quand on lui demande s’il souhaite un jour rentrer au Cameroun ou en France, Malenou répond : «Bien sûr. Ce sont mes pays». Avant d’ajouter aussitôt: «Mais pour l’instant, je suis à New York, C’est ici que la boxe se passe. Et je vais faire ce que j’ai à faire». Ses adversaires sont prévenus.