alors qu’en France on lui demandait un dessin pour Le Monde tous les trois ans, Serge Bloch, qui ne connaissait rien à l’Amérique, est devenu un dessinateur américain en toute innocence, sans l’avoir voulu et presque sans s’en rendre compte. Un de ses dessins a fait la couverture de The Village Voice alors qu’il ne savait pas ce qu’était The Village Voice. On comprend qu’il vante la liberté et l’esprit d’entreprise américains–et se plaigne de l’absence de dynamisme et du manque d’initiative de son pays natal. En France, dit-il, il y a moins de choses à faire pour un dessinateur: la BD est très présente, l’école Charlie Hebdo, provocatrice et satirique, domine, alors qu’aux États-Unis on peut faire sereinement et librement du dessin à idées.
En 2005, ce dessinateur américain s’est dit qu’il était temps de poser ses valises en Amérique. Grâce à un visa que lui a obtenu Bayard, pour qui il travaille toujours (les loyales petites entreprises françaises ont quand même du bon), il est venu s’installer à New York avec ses deux fils et sa femme, l’artiste Mireille Vautier. Les enfants avaient dix et douze ans et ne parlaient pas anglais. Serge Bloch a réussi à les inscrire à l’École des Nations Unies, UNIS. Ils ont trouvé un appartement au coeur de Greenwich Village, où ils ont vécu de 2006 à 2009. Serge Bloch s’est beaucoup baladé, à pied, à vélo: il a goûté la liberté délicieuse qu’on éprouve en sortant de ses frontières, de sa routine, de son quotidien, pour vivre une parenthèse dans un autre pays.
En 2007, chez un ami commun, a eu lieu la rencontre avec la galeriste québecoise Michèle Mariaud (lire ici son portrait), qui, dans sa galerie de Soho, se donne pour but d’exposer un art différent de celui que l’on trouve dans les galeries de Chelsea: pas un art d’élite, mais un art accessible à tous, esthétiquement et financièrement. “Tu ne veux pas montrer ton boulot?” a-t-elle demandé à Serge Bloch. Il n’avait jamais fait d’exposition, n’y pensait même pas. En France, un dessinateur n’est pas considéré comme un artiste. C’est une autre grande différence avec l’Amérique, où l’”illustrator” est un artiste. Mais avec cette bonhommie qui le caractérise, il était prêt à tenter l’aventure et à se poser des questions nouvelles: quel est le rapport entre un dessin qu’on regarde en lisant un article dans un journal, et un dessin qu’on gardera sur son mur pendant des années? Il a pris plaisir à travailler de manière moins narrative, plus libre encore. Pris plaisir, surtout, à revenir au papier, au vrai dessin. Sa première exposition à la galerie Living With Art en 2008 s’est soldée par un succès: tous ses dessins, délibérément proposés à des prix raisonnables, ont été vendus le soir du vernissage.
0 Responses
Tres sympa ton article, je connais SErge aussi et j’aime beaucoup son travail.
On s’est rencontre hier soir chez Catherine Texier. J’ai lu ton livre sur la bicyclette que j’ai beaucoup aime. Viens en Bicyclette avec Patrick!
Martine
Je suis très en retard, mais je voulais dire que moi aussi, j’aime le travail de Serge Bloch. Beaucoup, même. Il a actuellement une expo à Paris— je suis allé voir, et ça m’a plu enormement!!
http://maralsassouni.blogspot.com/2010/09/bumping-into-serge-bloch.html