Relancée par Renault il y a une dizaine d’années, la marque Alpine veut continuer de croître. Et cela passera par le marché américain. C’est en tout cas la volonté des dirigeants de la marque au losange, qui ont ciblé les États-Unis (mais aussi la Chine) pour augmenter les volumes de vente et distribuer à plus grande échelle les modèles de la gamme.
Un objectif que reconnaît Laurent Rossi, le directeur général de la marque : « On veut s’implanter aux États-Unis, ce qui créera l’essentiel du volume supplémentaire autour du modèle que nous lancerons en 2025, et du successeur de l’A110 », déclarait-il à l’hebdomadaire américain Automotive News en janvier dernier. Ces deux modèles seront électriques et appartiendront à la catégorie des SUV.
Alpine est une marque mythique, créée à Dieppe (Normandie) en 1955 par le pilote et concepteur de voitures Jean Rédélé, dont le terrain de jeu préféré – les Alpes – lui a inspiré le nom de sa marque. Certains modèles sont entrés dans l’histoire, comme l’A110, au look inimitable. Alpine est devenu célèbre pour avoir su allier esthétique moderne et performances élevées, autour de véhicules sportifs qui ont souvent brillé en rallye et maintenant en Formule 1.
Une présence dans le sport automobile roi qui est loin d’être anodine : « La Formule 1 est un bon moyen d’étudier la dynamique du marché de l’automobile, relevait encore Laurent Rossi. Par exemple, cette année, nous allons avoir trois courses aux États-Unis (NDLR : à Austin, Miami et Las Vegas). C’est un pays qui a montré beaucoup d’intérêt pour Alpine au cours des dernières années. Au lendemain de la victoire d’Esteban Ocon en Hongrie en 2021, la fréquentation du site Alpine a augmenté de 400 %. Cette fréquentation venait du monde entier mais le pays qui arrivait quatrième, c’était les États-Unis alors que nous ne sommes pas du tout implantés là-bas. »
Des indicateurs qui ont conforté les dirigeants de Renault, présent dans l’actionnariat depuis les années 70 et aujourd’hui propriétaire à 100% d’Alpine, dans leur choix de concentrer leurs efforts sur le marché américain. Nommer l’écurie F1 du nom d’Alpine a aussi fait beaucoup pour la notoriété internationale de la marque, préambule à un développement sur le terrain des ventes.
L’offensive d’Alpine aux États-Unis ne passera pas par Nissan, le partenaire de Renault, pourtant très bien implanté de ce côté-ci de l’Atlantique, même si ses ventes y ont lourdement chuté l’an dernier (-25%). Les deux entités partagent de nombreuses divergences stratégiques, brutalement mises en lumière lors de l’affaire Ghosn. Renault a donc décidé de faire cavalier seul pour le développement de sa branche sportive. Le constructeur français est en discussion avec AutoNation, le plus gros distributeur automobile des États-Unis, avec près de 250 points de ventes et un chiffre d’affaires de 12 milliards de dollars dans la vente de véhicules neufs en 2021. Cette entreprise cotée vend aussi bien des Ford, des Jeep et des Toyota que des Mercedes ou des Jaguar.
Alors qu’une première tentative de Renault n’avait pas été couronnée de succès dans les années 80, le développement d’Alpine aux États-Unis passera aussi par une adaptation de la marque aux spécificités du marché américain. Ses deux prochains SUV électriques, prévus pour 2025 et 2027, seront en effet conçus dès le départ pour répondre aux normes américaines sur les véhicules (système d’échappement, pare-chocs, dispositifs d’éclairage, etc.). Ces deux modèles devraient être produits par l’usine mère située à Dieppe.