Pianiste prodige, Sofiane Pamart réconcilie les nouvelles générations à la musique classique. Après l’Accor Arena en novembre à Paris, il se produira à New York le lundi 5 décembre sur la scène du National Sawdust à Brooklyn, à Harvard, dans le Massachusetts le mardi 6 décembre et à Los Angeles le jeudi 8 décembre à la Masonic Lodge du Hollywood Forever Cemetery.
Au début des années 80 en France, le piano c’était Richard Clayderman. La mèche blonde, le nœud papillon et le costard blanc, le pianiste invitait la musique romantique dans les chaumières. Et dans les ascenseurs. Et puis il y eut Hélène Grimaud, la pianiste, éleveuse de loups. Et évidemment, Yann Tiersen dont la bande originale du Fabuleux destin d’Amélie Poulain déclencha des vocations par milliers.
En 2022, il y a désormais Sofiane Pamart. Dit « le pianiste des rappeurs ». Un look teinté de Gucci et Versace. Des lunettes noires. À 32 ans, l’homme, qui ne quitte jamais son piano, dépoussière un milieu souvent hermétique au grand public.
« Le piano et moi, c’est une histoire qui commence à l’âge de 4 ans, explique Sofiane Pamart. Sur mon petit clavier-jouet, j’avais répété la mélodie du Parrain, du compositeur Ennio Morricone. Ma mère a tout de suite compris que j’avais l’oreille absolue. C’est comme cela que j’ai atterri au Conservatoire de musique de Lille à 6 ans. »
Petit-fils d’immigré marocain, arrivé sans un sou, et disparu dans les mines du Nord de la France, Sofiane Pamart grandit aux côtés d’une maman professeur de lettres. « J’ai eu rapidement envie de reproduire ce que ma mère faisait. Dédier sa vie à la maîtrise d’un langage. Le mien était celui de la musique. La lire, l’écrire, voilà ce pour quoi j’étais destiné. » Ambitieux, poussé par une mère aimante et autoritaire, il se rêve en champion du piano. Le « Piano King », c’est lui. Il sera le meilleur du monde.
Rebelle avoué. Revanchard sur le coup du sort de son histoire familiale, il franchit une à une les étapes du Conservatoire. Son frère et sa sœur suivent le même exemple. Lui au piano, elle au violon. À 23 ans, il est médaillé d’or du Conservatoire de Lille et commence à faire entendre ses morceaux. « Rapidement j’ai compris que les gens s’identifiaient à mon parcours. En cassant les codes du milieu, j’ai compris que je réussissais à capturer l’attention d’un public. Mais je n’ai aucune envie de théoriser sur la question. La musique sans parole a ce pouvoir de libre interprétation totale. Chacun peut y construire sa propre histoire. »
Fan absolu de Chopin, Ravel et Debussy, le pianiste se fait rapidement remarquer en collaborant avec les rappeurs de la scène française, Kery James parmi eux, Grand Corps Malade ou Joey Starr. « Le rap m’inspire depuis que je suis petit. Clamer haut et fort son succès quand rien ne vous y prédestine, cela me touche. Je fais partie de ces artistes des milieux populaires qui ont envie de réussir. Le rap véhicule une liberté que j’aime, et qui me construit. »
En 2019, Sofiane Pamart signe un premier album, « Planet », sacré disque d’or, enchaîne par une série de concerts où ses compositions personnelles font mouche. « Composer est un exercice naturel. L’inspiration peut arriver à n’importe quel moment, confie le pianiste. Quand l’émotion arrive, j’essaie de la capturer immédiatement. Partout où je voyage, j’ai besoin d’un piano. Je ne peux pas m’en passer. » S’ensuit un second album, « Letter », sorti en février dernier et une première tournée solo. Au mois de novembre, il deviendra le premier pianiste soliste à remplir l’AccorHotel Arena, avant 3 concerts prévus aux États-Unis.
« C’est un voyage excitant qui se prépare, s’enthousiasme Sofiane Pamart. Beaucoup rêvent de conquérir les États-Unis. C’est un marché énorme, une montagne à gravir et il y a généralement peu d’élus. J’ai envie de séduire les Américains, de faire voyager ma musique sans parole. S’ils m’adoptent, il y aura un avant et un après, c’est sûr. »