A peine poussée la porte du 515 Broadway, on se trouve transporté à des milliers de kilomètres de San Francisco: la voix de Jean Ferrat nous rappelle que la montagne est belle, puis celle de Gainsbourg nous emmène dans son “comic strip”. Sur les murs, des photos et des gravure de Paris, et derrière le bar, Kam Halliche, propriétaire des lieux depuis novembre dernier.
“Le quartier compte déjà de nombreux bars. Avec le Petit Paris 75, je voulais offrir quelque chose de différent, un vrai bar parisien avec vins, bières et charcuterie et cocktails”, raconte le propriétaire. Le choix du lieu est aussi stratégique: “C’est populaire, c’est touristique, entre les quartiers italien, chinois et le Financial District. Avec tous les clubs sur Broadway, on se croirait à Pigalle.”
L’ouverture du Petit Paris 75 est le fruit de plusieurs années de dur labeur, et d’argent judicieusement économisé: “J’ai obtenu ma carte verte à la loterie il y a trois ans. Je me suis installé à Emeryville, et j’ai enchaîné les petits boulots“, explique l’ex-étudiant en informatique. “Je voulais poursuivre mes études, mais le coût était trop élevé. A la place, j’ai travaillé 90 heures par semaine, pour économiser un maximum.” Un de ces petits boulots amène Kam Halliche à travailler chez Rosenblum Cellars, qui propose des dégustations de vins à Oakland: “Du nettoyage de table, je suis devenu serveur, puis manager de l’endroit. Cela m’a donné envie d’ouvrir mon propre bar.” Une opportunité trouvée sur Craigslist permet à Kam Halliche de concrétiser son rêve.
Le jeune homme, qui ne parlait quasiment pas anglais avant son expatriation, se montre très à l’aise avec les clients du Petit Paris 75. “La semaine, je reçois plutôt des locaux, et le week-end, ce sont plutôt des touristes qui s’arrêtent boire un verre. J’essaie d’attirer les deux types de clientèle.” Kam Halliche a également fait le choix de conserver le plafond étoilé, hérité du propriétaire précédent des lieux, afin de garder la clientèle qui fréquentait le bar avant son rachat.
Sur les quelques écrans qui éclairent l’ambiance feutrée du Petit Paris 75, des classiques en noir et blanc attirent le regard: “Je voulais ajouter une touche vintage et originale: on déguste son verre de vin en regardant de vieux films, au lieu des rencontres sportives que l’on trouve habituellement dans les bars.” Pour ajouter à l’ambiance lounge, des concerts acoustiques sont programmés les mercredi et jeudi, tandis que le week-end fait place au RnB, à la pop et à la dance.
Adepte du marketing sur les réseaux sociaux, Kam Halliche espère s’établir rapidement sur la scène des bars de San Francisco: “Je sais que la première année sera la plus dure. J’espère que dans un an, j’aurai gagné en popularité et fidélisé ma clientèle. Je suis confiant: il y a beaucoup de Français à San Francisco, et les Américains aiment Paris. Mon but est vraiment de réunir les deux communautés dans ce bar.“