Depuis cinq jours, les messages de soutien affluent chez Sweet Lily Bakery, la boulangerie-pâtisserie de Thibault Leymarie et Marine Le Faucheur, très appréciée des Français, à Studio City. « Je suis très entouré, très soutenu. La famille, les amis, les clients, tout le monde vient me dire un mot gentil, ça fait chaud au cœur », témoigne le boulanger français, encore très secoué, après le violent braquage dont il a été victime, mercredi 26 mars.
Thibault Leymarie était venu confectionner ses pains et ses viennoiseries dans sa boulangerie de Cahuenga Boulevard, très tôt, vers 4am, comme à son habitude. Il attendait un de ses employés quand il a entendu la porte de devant s’ouvrir. « Je me suis retrouvé nez-à-nez avec trois mecs cagoulés, gantés, tout habillés de noir, pied-de-biche et barre de fer à la main, raconte-t-il. Je ne sais pas ce qu’ils venaient faire, car qu’y a-t-il à prendre dans une boulangerie ? Nous n’avons pas de cash, ni d’objets de valeur.»
Afin de les faire fuir, le boulanger leur fonce dessus en hurlant en français. « C’est peut-être pour ça qu’ils n’ont pas bougé », plaisante-t-il aujourd’hui. Le plus costaud des trois le soulève par son t-shirt. Ses pieds décollent. Le Français est balayé sur 15 mètres, de la cuisine à la porte d’entrée vitrée, qui cède sous le choc. Il est ensuite roué de coups au sol, dans la rue, comme on peut le voir sur les images glaçantes de la vidéosurveillance, reprises par les chaînes de télévision Fox 11 et KTLA.
« Tout le long, je ne regarde pas leurs visages, mais leurs mains, car j’ai peur de ce qu’ils peuvent sortir comme arme. Avec un gun, j’étais foutu » revit Thibault Leymarie. Quelques minutes après, les trois hommes s’enfuient dans une Mercedes gris foncé, conduite par un quatrième complice. Le LAPD a lancé des recherches pour les retrouver. Le boulanger s’en sort avec des contusions, des bleus, et une belle frayeur. « Je préfère que ce soit tombé sur moi plutôt que sur mon staff », glisse-t-il. La porte, elle, devra être remplacée, ainsi que son téléphone portable, dont l’écran a été pulvérisé.
« Ça fait 10 ans que je suis là, et je n’avais jamais connu ça. En France, ça m’était arrivé deux fois », affirme-t-il, en décrivant « un quartier hyper calme » et « des voisins adorables ». Preuve en est, la vague de soutien reçue ces derniers jours. « Un Américain est venu à la boutique. Il avait vu aux infos ce qu’il s’était passé et il voulait nous aider. Il était prêt à nous donner de l’argent. On n’en demande pas tant, remercie le couple. On a des assurances qui sont là, mais c’était un vrai élan de soutien et de générosité qui nous a particulièrement touchés. »
Le coup est pourtant rude à encaisser. « On n’avait pas besoin de ça maintenant » soupire Marine Le Faucheur. Encore éprouvé, son mari scrute les visages dans la rue et relève les plaques d’immatriculation au moindre doute. Alors que Pâques approche, il n’a pas le cœur à confectionner des chocolats. D’autant que l’envolée du coût du cacao les incite à revoir leurs créations à la baisse cette année.
Sweet Lily Bakery se remettait tout juste des incendies, début janvier, qui avaient entraîné un ralentissement de son activité. Avant cela, la grève des studios hollywoodiens, tous proches, avait plombé leurs ventes pendant un an. Heureusement, la vente de leur boutique de Culver City a permis au couple de retrouver un meilleur équilibre de vie, aux côtés de leurs filles.