Dans TIME Magazine du 19 janvier, Bruce Crumley revient sur une controverse lancée par le président français le 13 janvier, à Nîmes: la création de “La Maison de l’Histoire de France“. Comme tous ses prédécesseurs, Nicolas Sarkozy veut lui aussi “son” musée. Soit, répond en quelques mots le journaliste, mais l’affaire va beaucoup plus loin. D’abord, tout historien un tant soit peu sensé sait qu’il est impossible de réunir et d’unifier l’Histoire de France en une seule et même institution. Cela reposerait d’ailleurs sur un “pillage” largement condamnable des différents musées français. Dans la mesure où la proposition de Sarkozy n’est donc étayée par aucune nécessité historique ou culturelle, Bruce Crumley n’en retient qu’une chose: c’est une grossière manoeuvre pour récupérer les voix de l’extrême-droite en manipulant la question de l’identité nationale, si chère à aux partisans de Jean-Marie Le Pen. L’éditorialiste y voit une droitisation de plus en plus marquée du gouvernement français, à l’heure ou Brice Hortefeux se félicite d’expulser plus de 30.000 étrangers hors des frontières de France.
Si la politique française est critiquée dans TIME, son économie s’en tire mieux dans une analyse publiée par Newsweek. Selon Holger Schmieding, directeur du service Europe de la Bank of America, “the last model standing is France“, mais s’empresse-t-il d’ajouter “for better or for worse” (“la France est le dernier modèle à tenir, pour le meilleur ou pour le pire”). Après avoir passé en revue les faillites des différents modèles de gouvernance économique européens, l’expert en arrive à une seule et inévitable conclusion: seul le système français, celui d’un “interventionnisme pragmatique“, s’est montré efficace contre les assauts de la crise. “Malheureusement” rajoute-t-il quelques lignes plus bas. Car ce dernier est un libéral sans concession: loin de se remettre en cause, il prédit que si les principes interventionnistes venaient à s’étendre au reste de l’Europe, le prix à payer sera alors le déclassement des économies européennes. Au profit des États-Unis bien sûr.
Amateurs de roquefort, le TIME de cette semaine vous annonce une bien triste nouvelle: ses prix vont augmenter d’ici peu. Le Congrès américain a en effet décidé jeudi dernier de faire passer les droits de douane sur ce fromage de 100 à 300%. La raison? “Arbitraire“, “un coup bas de l’administration Bush” s’emporte la classe politique française, indignée. Selon Bruce Crumley, c’est toute la France qui se mobilise derrière la défense de ce précieux, quoique odorant, trésor national. Il cite Jacques Mistral, chercheur à l’institut des Relations Internationales, pour qui l’administration américaine sortante continue à vouloir faire payer à la France son “non” à la guerre en Irak. La réalité est bien plus prosaïque: les États-Unis répliquent, légalement, à l’interdiction de son boeuf aux hormones par la France. Mais selon José Bové: “les producteurs de roquefort ne céderons jamais à ce chantage“. L’Histoire nous dira qui, du boeuf américain ou du fromage français, sortira vainqueur de ce combat au sommet (de la diplomatie).
Dans le New York Times du 14 janvier, c’est un autre joyaux du patrimoine national qui est mis en danger: l’élégance à la française. Pourtant souvent déconnecté de la réalité et du quotidien du français moyen, le petit monde du luxe parisien n’est pas épargné par la dépression économique, loin de là. Mais si certains s’inquiètent des récents licenciements et autres coupes de budget, c’est une autre tendance que voit apparaître Elaine Sciolino chez les protagonistes de l’industrie du luxe. Selon certains patrons, créateurs et intellectuels, c’est l’occasion d’un retour aux valeurs morales et à “la modestie“, dixit Karl Lagerfeld). La journaliste rappelle que la France a toujours été un pays conservateur, mal à l’aise avec l’argent, comme en témoigne son refus de la “présidence Bling-Bling” de Nicolas Sarkozy. Pour elle, la France est entrain de vivre une “révolution morale“: finis les excès, voici venu le temps de la “purification“. Mais si les consommateurs préfèrent désormais la mousse de canard au foie gras, elle conclut son article en soulignant que les ventes de la dernière collection Chanel ont tout de même augmenté de 17%.
Elizabeth Bryant, dans le Washington Times, rend hommage à la solidarité féminine à travers les âges, les continents, et surtout les religions. L’histoire se passe un peu partout en France: à l’initiative de l’association “Les Bâtisseuses de Paix”, des groupes de femmes organisent des événements inter-communautaires entre juifs et musulmans, pour que chacun puisse découvrir la culture de l’autre. Cela est d’autant plus nécessaire souligne la journaliste que nul autre pays n’est touché comme la France par les questions de haine religieuse. Elle parle d’un “fossé” entre juifs et musulmans, et se montre pessimiste sur l’avenir de cette situation française. A l’heure du renouveau du conflit israëlo-palestinien, il est difficile, même pour des associations à vocation culturelle, de résister aux pressions du politique.