Son arrivée rend nerveux bien des acteurs de l’aérien, mais lui a l’air plutôt détendu. Sans doute le soleil de Floride qui, en ce mois de décembre, réussit au Norvégien : Bjorn Tore Larsen est venu inaugurer la toute nouvelle liaison Fort Lauderdale-Berlin lancée par sa compagnie, Norse Atlantic Airways. C’est déjà la neuvième ligne transatlantique pour la compagnie, qui a fait son premier vol (Oslo-New York) en juin dernier. Elle vient d’annoncer un Paris-New York, qui fera ses débuts le 26 mars 2023.
Le CEO et fondateur de Norse Atlantic se garde pourtant de jouer les hommes pressés. « Nous voulons grandir de manière limitée, en restant très focus, et en faisant seulement une chose : le transport long courrier low-cost. Notre plan n’est pas de conquérir le monde ! » Le réalisme de l’entrepreneur expérimenté (il est le fondateur et propriétaire d’un des plus gros armateurs maritimes norvégiens) sans doute… mais aussi une manière de tenter de se défaire d’une ombre un peu encombrante, celle de Norwegian. Pour avoir voulu grossir trop vite, la compagnie norvégienne a dû cesser ses vols transatlantiques en 2020.
Si Norse Atlantic Airways n’a aucun lien organique avec Norwegian, les deux compagnies partagent plus qu’une nationalité commune. La flotte des Norse est composée de 15 Boeing 787 Dreamliners qui portaient auparavant les couleurs de Norwegian. C’est d’ailleurs ce qui a décidé Bjorn Tore Larsen à se lancer : « avec la pandémie et la crise de l’aérien, il y avait l’opportunité d’une vie pour prendre des appareils à très bon marché ». Au pire de la crise, alors que quelque cinquante compagnies aériennes disparaissaient pour toujours, l’armateur a construit une flotte de 15 appareils, avant même d’avoir ouvert une seule ligne, ou même acquis l’autorisation de le faire.
S’il a fait sa fortune dans le transport maritime, Bjorn Tore Larsen n’est pas tout à fait un nouveau venu dans l’aérien. Passionné d’avions et pilote privé, il possède depuis dix ans une société qui fournit des équipages aux compagnies aériennes (notamment Norwegian). Et il a une conviction : il y a une place dans le monde pour les compagnies « low cost » long courrier, malgré les échecs à répétition de la plupart de ceux qui s’y sont essayés. « Nous limitons les coûts en ayant des avions très économes, tous du même type, et maximisons en nous concentrant sur des lignes où la demande « point à point » est suffisamment forte », résume-t-il pour décrire son modèle, qui est aussi celui appliqué notamment par la petite compagnie française French Bee, une des rares du secteur à être rentable.
Les choses sont allées très vite. En juin dernier ouvrait la première liaison Oslo-New York, puis rapidement d’autres vols transatlantiques depuis Berlin et Londres (Gatwick). Le 26 mars, ce sera donc le tour de Paris, avec un vol quotidien entre Charles-de-Gaulle et JFK à New York, départ à 7:45pm et arrivée à 10pm/22h – en direction de la France, départ de JFK à 12:30am/minuit 30) et arrivée CDG à 2:05pm/14h05. « C’était indispensable pour nous, explique le CEO. Nous avons de gros avions qu’il faut remplir : la ligne Paris-New York est parmi les plus fréquentées ». Mais c’est aussi une des plus concurrentielles : « le risque de sur-capacité existe bien-sûr, je n’ai aucune illusion sur le fait que cela va être difficile, mais la concurrence est saine aussi et la demande existe. Les gens n’ont jamais eu autant envie de voyager que maintenant ! »