De “Godfather” au récent “The Irishman”, en passant par “American Gangster” ou “Goodfellas”, le succès des films consacrés à la mafia américaine ne se dément pas. Plus que tout autre ville, New York est intimement liée à l’histoire du crime organisé. Voici six lieux à découvrir pour revivre les heures sombres de la mafia.
Les premières traces du crime organisé à New York remontent au début du XIXème siècle, dans un quartier du sud de Manhattan appelé Five Points (Chinatown aujourd’hui). Mis en lumière dans le film de Martin Scorsese “Gangs of New York”, Five Points est à l’époque le territoire de gangs composés majoritairement d’immigrés irlandais comme les Plug Uglies, les Dead Rabbits ou les Whyos. Ces bandes y font régner la terreur, s’affrontant souvent jusqu’à la mort. Il faut attendre la fin du XIXème et les vagues d’immigration italiennes pour que ces gangs tombent petit à petit dans les mains des Italiens. Ils seront rejoints au début du XXème siècle par deux futurs célèbres mafieux italo-américains : Al Capone et Charles Luciano. Aujourd’hui Five Points n’existe plus, mais la compagnie “Big Onion Walking Tours” vous propose un saut dans l’histoire grâce à une visite guidée du quartier. Vous partirez notamment à la recherche de l’intersection perdue des cinq rues de Five Points, et irez vous balader sur Doyers Street, surnommée à l’époque “la ruelle des assassins”.
L’année 1920 signe le début de la prohibition à New York. Mais de nombreux bars secrets voient le jour pour continuer à vendre et servir de l’alcool. Situé dans l’East Village, le William Barnacle Tavern fut l’un des hauts lieux du trafic pendant cette période. Il fallait pousser la porte d’une boucherie pour ce rendre dans ce speakeasy où les conseillers municipaux de la ville commerçaient avec des mafieux comme Al Capone. Le William Barnacle Tavern a été découvert par hasard par le nouveau propriétaire de la boucherie en 1960 à l’occasion de travaux. On peut aujourd’hui en visiter les tunnels de contrebande, et en apprendre plus sur l’histoire mafieuse de ce bar grâce au musée situé à la même adresse, The Museum of the American Gangster.
A la fin des années 1920, Charles “Lucky” Luciano devient l’un des parrains du crime organisé aux Etats-Unis. Originaire de la famille Genovese, l’une des cinq familles mafieuses les plus puissantes du pays, il est membre du gang de Five Points, trafiquant d’alcool pendant la prohibition et le fondateur de “The Commission” en 1931. Cette sorte de comité de direction de la mafia italienne a pour rôle de mieux organiser et répartir le pouvoir entre les cinq familles. Charles “Lucky” Luciano est arrêté en 1936 après le démantèlement d’un réseau de prostitution et de racket. Sa collaboration avec le renseignement américain durant la Seconde Guerre mondiale lui permettra finalement d’être libéré et renvoyé en Italie. Il meurt en 1962 à Naples, avant que son corps soit rapatrié à New York et mis en terre au St. John’s Cemetery à Queens. On peut encore aujourd’hui voir son mausolée, qui trône à côté de celui d’un autre ancien mafieux de la famille Colombo, Giuseppe Profaci.
Dans les années 1960 et 1970, un nouveau descendant de la famille Genovese, Matthew Ianiello, tente de prendre le contrôle de la ville. Son père ouvre en 1972 le restaurant Umberto’s Clam House, dans Little Italy. Mais seulement deux mois après l’ouverture, un autre mafieux de la famille Colombo, Joe Gallo, est assassiné par balles dans le restaurant. Faute de preuves, Matthew Ianiello est innocenté. Aujourd’hui, le 129 Mulberry Street accueille un autre restaurant italien, Da Gennaro, mais Umberto’s Clam House a réouvert sur le trottoir d’en face. Il est détenu par Robert Ianiello, le petit frère de Matthew. Umberto’s Clam House est visible dans le film de Martin Scorsese “The Irishman” sorti en 2019 sur Netflix.
Treize ans plus tard, un meurtre similaire à celui de Joe Gallo a lieu devant le restaurant Sparks Steak House situé à Midtown East. Paul Castellano, alors patron de la famille Gambino, y est tué par balles à la descente de sa limousine. On découvrira quelques années plus tard que ce meurtre a été prémédité par John Gotti, un autre membre de la famille Gambino. L’origine de leur affrontement est lié à la drogue que la famille importe et vend aux Etats-Unis. Après la mort de Paul Castellano, John Gotti prendra les reines de la famille Gambino. Il mourra cependant en prison en 2002 après avoir été arrêté et condamné à perpétuité en 1992. Le restaurant Sparks Steak House est toujours ouvert aujourd’hui et détenu par la même famille. Il est considéré comme l’un des meilleurs de la ville.
Qu’en est-il de la mafia new-yorkaise en 2019 ? “Ils sont beaucoup plus heureux qu’ils ne l’ont été par le passé en ayant construit des réseaux internationaux avec les cartels mexicains et colombiens”, lâchait en mars à la BBC Anna Sergi, maître de conférences en criminologie. L’assassinat en mars dernier du dernier héritier des Gambino, Frank Cali, avait donné lieu à bien des théories dans la presse américaine sur la résurgence de la guerre des clans. En réalité, le meurtre commis au 25 Hilltop Terrace à Todt Hill à Staten Island n’avait rien avoir avec la mafia. Mais l’affaire a rappelé que ce quartier en apparence paisible a accueilli d’autres mafieux dans le passé. Selon le New York Times, Paul Castellano possédait également un manoir sur Benedict Road avant d’être assassiné en 1985, tout comme Salvatore Gravano -ancien homme de main de John Gotti- aujourd’hui âgé de 74 ans et libéré après des peines cumulées de 20 ans de prison.