Tous les jours de la semaine, entre la 76e et la 77e rue se déroule un étrange ballet. Dès 7h le lundi, des mamans françaises, accompagnées de leurs enfants, s’engouffrent dans un café.
Ouvert il y a maintenant deux ans et demi, à deux pas du Lycée français, Le Moulin à Café est devenu, en peu de temps, le QG des mamans françaises de l’Upper East Side. Derrière les vitrines, croissants, pains au chocolat et pâtisseries font de l’œil aux passants. On vous prévient : il sera difficile de résister. Sur les étagères, des biscottes, cracottes, BN, barquettes de Lu, moutarde Amora et autres produits de votre enfance. Dans une salle spacieuse à l’arrière, le feu de la cheminée crépite.
Ce matin, les mamans sont pressées. C’est la rentrée des vacances de février. “La maison est un vrai champ de bataille”, lance l’une d’entre elle avant de demander à sa voisine si elle peut aller chercher sa fille à la sortie de l’école, le lendemain. Organisation, chiffons, courses, les mamans jonglent entre vie parentale et carrière. Retour de vacances oblige, la machine à laver est bientôt au centre de la conversation : “Les doudounes ? Moi je les mets à froid”, conseille l’une pendant qu’une autre raconte le retour à New York la veille, tard dans la soirée.
La personne derrière le Moulin à Café est… un homme. Après 17 ans de bons et loyaux service en charge du protocole au sein de la délégation de l’ONU, Yann Ndiaye quitte son poste : “J’ai en moi une part d’entrepreneur, depuis longtemps je voulais créer mon entreprise. Au début j’avais en tête un bar à vin, explique le propriétaire. Je me suis dit que si je ne le faisais pas maintenant je ne le ferais jamais”. À 49 ans, il fait le grand saut. “Je souhaitais offrir un lieu pour la communauté française. Je voulais quelque chose de moderne et de rustique à la fois”.
Ainsi est né le Moulin à Café, une boulangerie, pâtisserie, épicerie, restaurant le midi et… salle de classe à l’heure du gouter, quand les élèves du LFNY sortent trousses et cahiers pour faire leurs devoirs, avec leur maman ou leur nounou.
“Il est bon, lorsqu’on est expat’, de trouver un lieu où l’on se sente comme à la maison” explique une maman. Sandra vit à New York depuis 18 ans et a adopté le Moulin à Café dès son ouverture. Son fils, Léo l’accompagne : “Moi j’aime venir ici parce qu’il y a plein de bonnes choses” dit-il, la bouche pleine. “On prend le goûter après l’école ici. C’est notre moment privilégié à tous les deux” conclut-elle.
Carole, elle, habite à SoHo. “Il y a plein de trucs français là-bas mais c’est pas pareil. Ici il y a une qualité des produits qu’on ne retrouve pas ailleurs”. Il est vrai que la réputation des croissants de Yann Ndiaye n’est plus à faire.
“Tout va trop vite à New York. Ici, le temps s’arrête”, explique Anne avant de faire une pause. Et d’ajouter : “Cet endroit, c’est comme à la maison”.
“Tous les matins, je dépose mon fils à l’école. Je viens facilement deux à trois fois par semaine ici, voir si il y a des gens que je connais” explique Magalie, arrivée à New York il y a trois ans.
C’est au Moulin à Café qu’une de ses amies l’a présentée à d’autres mamans. D’ailleurs, depuis septembre, le café accueille les “Café APL”. Ce rassemblement des parents d’élèves du lycée français vise à intégrer les nouvelles familles de LFNY. De quoi alimenter le QG des mamans.