Il s’était rendu dans plus de 60 pays mais Olivier Becht n’était encore jamais venu aux États-Unis depuis sa nomination l’an dernier. C’est désormais chose faite : le ministre délégué au Commerce extérieur, à l’Attractivité et aux Français de l’étranger effectue cette semaine une tournée américaine avec 5 villes au programme (Boston, Washington, New York, Austin et Houston) et trois objectifs sur sa feuille de route : tenter d’apaiser les relations avec le premier partenaire commercial de la France (hors Union européenne) sur les grands dossiers commerciaux, vendre la « marque France » auprès des investisseurs américains et rencontrer la communauté française pour « démentir le vieux dicton, dit-il, loin des yeux, loin du cœur ».
Sur les litiges commerciaux, objet de la visite à Washington, Olivier Becht le concède : « Nous avançons plus doucement que je ne l’aurais souhaité mais nous avançons » dit-il à French Morning, notamment sur le dossier de longue date Airbus/Boeing et les droits de douanes imposés sur l’aluminium et l’acier par l’administration Trump et dont la suspension temporaire expirera à la fin du mois. À l’issue de ses discussions avec ses différents interlocuteurs de l’administration américaine (le secrétaire adjoint au Commerce Don Graves, la représentante du Commerce extérieur Katherine Tai et le conseiller économique de la Maison Blanche Jared Bernstein), les chances d’obtenir, dans les 15 jours, un accord permanent sur les tariffs restaient proches de zéro. « Mais l’essentiel, souligne le ministre français, c’est d’avancer dans un bon état d’esprit avec nos amis américains, et c’est le cas ».
Quand à l’IRA, l’Inflation Reduction Act dont l’adoption en août 2022 au Congrès américain avait affolé les Européens, la France semble s’être fait une raison. Après avoir obtenu quelques concessions des Américains « dans ce qu’ils pouvaient faire dans le cadre des executive orders du président », sur les matières premières critiques, les batteries pour les véhicules électrique et les voitures en leasing, l’Europe a instauré son propre mécanisme de subventions et la catastrophe annoncée de départ massifs d’entreprises françaises vers les États-Unis « n’a pas eu lieu », constate le ministre.
It is important to have allies, but it is even more important to have friends. 🇫🇷🇺🇸
Thank you @DepSecGraves and @AmbassadorTai for the productive meetings.#WashingtonDC pic.twitter.com/GCJRwuYbqD
— Olivier Becht (@becht_olivier) December 12, 2023
C’est sur un autre terrain qu’Olivier Becht espère bien obtenir des résultats concrets, celui de la promotion de l’attractivité de la France et du savoir-faire des PME françaises. Que ce soit dans le secteur de la biotechnologie et de la santé à Boston, dans celui de la sécurité, de la défense et de la lutte contre changement climatique aux Nations unies à New York ou celui de l’innovation dans le spatial au Texas, le ministre tente de convaincre les Américains de rester en tête des investissements directs étrangers en France. À Houston, dernière étape de la visite officielle ce jeudi 14 décembre, il est accompagné de 7 entreprises françaises, certaines déjà implantées aux États-Unis comme la PME toulousaine Share My Space, spécialiste de la surveillance de l’espace et de la détection de débris spatiaux, et qui possède depuis l’été dernier un bureau à Austin; d’autres qui cherchent à s’implanter outre-Atlantique. La présence du ministre, reconnaît Frédéric Rossi, le directeur de Business France Amérique du Nord, facilite évidemment la visibilité de ces petites et moyennes entreprises et « permet d’ouvrir des portes pas toujours faciles à ouvrir » dans le domaine spatial aux États-Unis. Une visite de la station Axiom Space et une réunion avec des acteurs américains du secteur sont notamment prévues.
Quant à la troisième casquette du ministre, celui des Français de l’étranger, l’élu alsacien reconnaît ne l’avoir jamais portée avant sa prise de fonction ministérielle. Mais devant les membres de la communauté française au Consulat de New York, il a assuré qu’il ne « les oubliait pas » et qu’il restait « très attentif » à ce que tous « puissent trouver dans leur consulat l’équivalent des services fournis par les mairies en France ». Il compte donc poursuivre la dématérialisation des démarches administratives et du renouvellement des passeports – l’envoi du passeport par la poste est d’abord expérimenté au Canada et au Portugal – et confirme l’accès au service France Consulaire depuis les États-Unis (déjà lancé en Europe) « à partir de 2025 ». À chaque étape, y compris lors d’un échange avec les élèves de terminale du Lycée Français de New York, Olivier Becht a rappelé l’importance du rôle des expatriés dans la défense des valeurs de « liberté, d’égalité, et de dignité de la personne humaine » partagées avec les États-Unis. « Au lieu d’avoir 11 joueurs d’une même équipe avec chacun un ballon et qui tentent chacun de tirer au but, concluait Olivier Becht – plus amateur de volleyball que de football – devant la team France à New York, nous sommes désormais une équipe avec un seul ballon où tout le monde joue en complémentarité. C’est comme ça qu’on gagne les matches ». Il passera donc le ballon à son collègue de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, Bruno Le Maire, attendu à New York à la fin de la semaine.