D’abord bien sûr, l’interview de Jacques Chirac dans le New York Times (avec l’Herald Tribune et l’Obs). Elle devait porter sur l’environnement. « Quand il a parlé du changement de climat, il a lu des notes imprimées en gros et passées au stabilo rose et jaune ». Une chose en amenant une autre, on est venu à parler d’Iran. Le porte-parole a passé un petit mot. « Il me dit qu’il faut que je revienne à l’environnement » a dit Chirac à voix haute, avant de dire que les Shiites ne pensent pas comme les Européens ou les Sunnites. Quand ils ont reçu la retranscription de l’interview, les journalistes se sont aperçus qu’il manquait des phrases. La correspondante du New York Times en a fait la première phrase de son article « le président Jacques Chirac a dit cette semaine que si l’Iran avait une ou deux armes nucléaires, cela ne poserait pas un grand danger, et que si l’Iran devait lancer une arme nucléaire contre un pays comme Israël, cela conduirait à la destruction immédiate de Téhéran. »
La retranscription de l’entretien sur 19 pages était « largement corrigée ». En plus des remarques retirées, y avait été ajoutée une phrase que Chirac n’avait pas prononcée : « je ne vois pas quel type de scénario justifierait un recours par l’Iran à la bombe atomique ». Le New York Times note que « la tentative par l’Elysée de changer les remarques du président dans un texte formel n’est pas inhabituelle. C’est une longue tradition dans le journalisme français que d’accorder aux sujets d’interviews – du président aux figures des affaires ou de la culture – l’opportunité de revoir et d’éditer les textes de questions-réponses avant leur publication. »
Les journalistes ont été rappelés le lendemain. Le président croyait que c’était off, a-t-il expliqué, « j’aurai dû faire attention à ce que je disais. » Il ne se souvenait pas avoir parlé d’Israël. Autre piste d’explication : « M. Chirac, qui a 74 ans et à quelques mois de la fin de son second mandat de président, a souffert d’un accident cérébral en 2005 et certains responsables français disent qu’il est moins précis dans la conversation.»
L’ambassadeur français aux Etats-Unis Jean David Levitte a rencontré la rédaction du Washington Times. C’est un « homme heureux », rapporte le quotidien conservateur, « parce que les deux pays ont des positions similaires sur la plupart des sujets clés ».
Le Washington Times s’est rendu compte que « ses commentaires sur la crise politique au Liban, sur le comportement de la Syrie, sur le programme nucléaire de l’Iran et son rôle au Proche-Orient étaient presque identiques aux positions du gouvernement Bush. » (Levitte n’a pas quasiment pas fait de commentaire sur l’Irak.) Alors que la presse américaine présente Sarkozy comme le candidat pro-américain, l’ambassadeur français leur a prédit « beaucoup de continuité » en politique étrangère quel que soit le gagnant des présidentielles. « Le général de Gaulle a un héritage qui reste l’inspiration de tous les dirigeants de la république française, quel que soit leur parti politique. » Il leur a aussi expliqué que les émeutes des banlieues « n’avaient pas grand-chose à voir avec le djihad et beaucoup avec les conditions sociales. » On y apprend aussi que l’ambassadeur a « noté avec fierté » que le « nombre de citoyens français avec au moins un parent ou un grand-parent né à l’étranger est le même que celui des Américains. »
Après la vague d’article « une femme candidate à la présidentielle en France », maintenant la vague « une gaffeuse candidate à la présidentielle en France ».
« Il n’y a pas si longtemps il semblait qu’il n’y avait rien que la candidate à la présidentielle française Ségolène Royal pouvait faire de travers, et aucune couverture de magazine qu’elle n’ait pas décorée. Maintenant, à trois mois des élections, note le Washington Times , elle semble tanguer d’une gaffe politique à l’autre », à l’avantage de Sarkozy et de Beyrou. « La récente avalanche de couverture négative est un sobre rappel de la vitesse à laquelle des hommes politiques peuvent chuter». Le Washington Post décortique aussi les malheurs de Ségolène.
Il fut un temps où les Champs-Elysées étaient raffinés. « Avec l’arc de triomphe à un bout et les jardins des Tuileries de l’autre, vous pouviez découvrir un groupe de jazz à minuit et avaler des huîtres et du champagne à l’aube » se souvient le New York Times dans un article publié en une. Les clubs sont partis, la moitié des cinémas ont fermé en douze ans. Comme Times Square à New York ou Oxford Street à Londres, les Champs ne sont qu un couloir de « grandes chaînes de magasins qui peuvent se permettre le loyer. » Mais note le Times, « dans un moment purement français », la mairie de Paris a « promis un plan visant à stopper la banalisation des Champs-Elysées» qui a commencé par interdire à H&M d’y ouvrir un magasin. Le distributeur suédois avait demandé à Jean Nouvel de concevoir le bâtiment. Les loyers sur les Champs, les plus chers d’Europe, sont les troisièmes les plus élevés du monde après la Cinquième avenue à New York et Causeway Bay à Hong Kong. Note de l’auteur : la Cinquième avenue a un H&M mais pas la petite robe trapèze noire en dentelles en taille 8.