Ils ont beaucoup ri ces enfants venus a cette première séance du programme « French Heritage » au Centre culturel haïtien. Apparemment, s’asseoir dans une salle de classe un samedi après-midi n’a pas terni leur bonne humeur. Il faut dire que le dispositif s’apparente assez peu à un cours. Il s’agit plutôt d’ateliers de toutes sortes dont le seul point commun est qu’on n’y parle que le français.
Depuis le séisme du 12 janvier qui a dévasté Haïti, on estime a environ 850 le nombre d’enfants en âge scolaire arrivés à Miami. La plupart d’entre eux n’ont pas pu intégrer les écoles francophones de Floride, faute de places disponibles. « Le lancement de « French Heritage » était déjà prévu en Floride depuis un certain temps, mais c’est l’afflux massif d’enfants qui nous a poussé à accélérer le mouvement» a expliqué Pierre Vimont, ambassadeur de France aux Etats-Unis avant d’ajouter : «L’objectif est d’aider les enfants à rester en contact avec la langue qu’ils ont parlé depuis toujours.»
«Pour l’instant, nous n’avons qu’une vingtaine d’enfants » explique Alice Raymond, professeur de français et d’arts plastiques qui a accepté de dédier ses samedis après-midi à l’aide des enfants haïtiens. « Mais l’important, est que de nombreux parents soient venus. C’est cela qui permettra de faire passer le message aux autres familles » ajoute-t-elle. Parmi ces enfants, le petit Balthus, 4 ans. Arrivé avec sa mère et sa sœur une semaine après le séisme, il n’a pas pu être scolarisé dans le système francophone. Sous les apparences d’un enfant joyeux, il manifeste tout de même des réactions au drame qu’il a vécu : il passe son temps à construire des édifices en Legos. «Tout doit être reconstruit» répète-t-il inlassablement à Pascale, sa mère.
« Je souhaite que ce lancement soit le début d’un grand succès » a lancé Pierre Vimont lors de son discours inaugural, en présence de Thomas Regalado, maire de Miami et de Ralph Latortue, consul général d’Haïti à Miami. L’Alliance Française de Miami, partenaire de « French Heritage », a également proposé ses locaux pour la mise en place des cours type Cned (Centre national d’enseignement à distance) avec l’aide de tuteurs. D’autres dispositifs sont à l’étude, afin de permettre de suivre les enfants installés dans des quartiers éloignés du centre-ville. « French Heritage » existe à New-York depuis cinq ans. Le programme a reçu lundi 1er mars le Prix spécial de la francophonie, décerné à Washington par le groupe des ambassadeurs de la francophonie.