Arnaud Lagardère est décidément un excellent vendeur: le prix auquel il cède les titres internationaux de son groupe de presse dépasse les estimations de la plupart des analystes. Une performance qu’il avait déjà réalisée avec d’autres cessions de l’empire qui ne ressemble plus guère à celui que créa son père Jean-Luc. Pour 651 millions d’euros (886 millions de dollars), l’éditeur américain Hearst (Cosmopolitan, Marie-Claire aus US, Bazaar, Esquire, etc) prend le contrôle de tous les magazines publiés à l’étranger par Lagardère. L’édition américaine de Elle (mais aussi les autres éditions internationales du magazine féminin) quitte donc le pavillon français.
Au total, Hearst (troisième éditeur de magazine aux Etats-Unis, derrière Time Inc et Condé Nast) récolte 102 titres publiés dans 15 pays par Lagardère qui ne garde que les magazines français (Elle, Paris Match, etc). Plus généralement, le groupe français souhaite se désengager de la presse et se concentrer sur le numérique ou encore les activités de gestion de droits sportifs.
Au Etats-Unis, outre Elle (et Elle Decor), Woman’s day (près de 4 millions d’exemplaires aux Etats-Unis), le magazine de cinéma Premiere ou encore Car and Driver et Cycle World rejoignent Hearst. La vente n’est pas une surprise. Elle était annoncée, et préparée par Lagardère. Aux Etats-Unis notamment, le groupe s’était lancé dans une cure d’amigrissement destinée à rendre la mariée plus belle: fermeture de titres, coupe claire dans les effectifs, déménagement du siège new-yorkais… Ce travail effectué, le français Alain Lemarchand nommé en 2008 à la tête de la filiale américaine avait rejoint le siège parisien en septembre dernier, laissant la place à un vétéran des magazines américain, Steve Parr.
Si aucune annonce n’a encore été faite par Hearst, on s’attend, dans les bureaux d’Hachette US à des plans d’économie. Mais, souligne un employé qui souhaite rester anonyme en cette période sensible, “Hearst semble vraiment convaincu de l’avenir des magazines écrits, ce qui est rassurant”. Le patron de Hearst, Frank Bennack Jr ne dit pas autre chose dans l’interview qu’il a accordée au Wall Street Journal: “nous sommes dans ce business pour aussi loin que l’oeil puisse voir”.
En raison de l’approbation nécessaire d’organes de régulation dans certains pays, la vente ne sera pas effective avant le deuxième moitié de 2011.