Le District devrait ouvrir le lundi 30 mars. Si tout va bien.“Là, on attend toujours le gaz, alors il y a encore une petite incertitude”, soupire Laurent Vasseur, qui essaie de rester zen malgré tout.
Pour le directeur des opérations du District, cette dernière ligne droite est la plus stressante. Cela fait près de deux ans qu’il planche, avec l’investisseur Peter Poulakakos du groupe HPH, sur ce marché et restaurant à la française, inspiré du modèle d’Eataly. Sur 2.700 mètres carrés, Le District, inséré dans le nouvel espace commercial Brookfield Place, entend devenir un lieu emblématique de l’influence française à New York.
Tout le décor est prêt, ne manque que la nourriture (et le gaz donc). En ce vendredi 20 mars, l’espace grouille de monde. Des petits groupes de jeunes, l’air un peu perdus, suivent des formations autour de tables hautes. D’autres polissent des couverts. Des apprentis crêpières testent le matériel. Des manutentionnaires déballent des cartons remplis de confitures artisanales, moutardes de Dijon, huiles d’olive à la truffe, chocolat noir, et conserves de délices d’artichauts.
Le District va employer, au total, 359 personnes. “On en a déjà 283, il nous en manque encore. Le plus dur à trouver, ce sont les cuisiniers”, raconte Laurent Vasseur, à une table de bar.
A l’intérieur, Le District ressemble à la fois à un food-court et à une épicerie haut-de-gamme, avec des îlots thématiques entourés de tables hautes où l’on pourra dîner ou déjeuner. “Nous sommes un grand restaurant où les gens peuvent faire leurs courses”, résume Laurent Vasseur. A l’origine, les patrons ont voulu recréer l’ambiance d’un marché à la française, mais le résultat est plus luxueux, propre et lisse que ce que l’on trouve de l’autre côté de l’Atlantique.
La fromagerie servira quelques plats (fondues, croque-messieurs) à déguster sur un comptoir à côté. Même principe du côté de la boulangerie, qui cuira 16 sortes de pains sur place. Un stand vendra des gaufres belges et des crêpes banane-Nutella. A la charcuterie, vous trouverez toutes les spécialités françaises : saucissons, jambons, terrines…
Dans la partie traiteur, chacun pourra acheter des tomates farcies, de la choucroute, du boeuf bourguignon. On trouvera aussi un salad bar, et un “bar à mousses au chocolat” (sic). “Côté prix, on se situe dans la même gamme de prix que Whole Foods”, affirme Laurent Vasseur. La petite partie épicerie permettra de remplir son chariot de diverses spécialités françaises – conserves, thés, chocolats… “Au total, en comptant tous les stands, nous aurons environ 5.000 types de produits”, calcule Laurent Vasseur.
Le District a aussi imaginé un service “concierge” pour clients pressés, qui peuvent déposer leur liste de courses et récupérer leurs sacs plus tard, à la sortie du travail. Le District prévoit aussi de mettre en place un système de livraison, et de la vente en ligne, dans les mois à venir.
L’espace comporte aussi un bistrot, appelé Beaubourg, dont les portes s’ouvriront vers l’extérieur, avec des tables dehors. On pourra ainsi déjeûner face à l’Hudson. Au menu, du français très classique: moules, escargots de Bourgogne, cuisses de grenouilles, navarin d’agneau, steak-frites…Au total, le restaurant comptera 200 places.
Dans une pièce attenante, les fondateurs ont imaginé un concept de restaurant de luxe, L’Appart – qui ouvrira en mai. Il faudra prévoir une addition comprise entre 200 à 300 dollars par personne, en comptant les boissons. “Ce sera plus une expérience qu’un dîner gastronomique classique. La salle reproduira une salle à manger, avec des banquettes, des livres dans des bibliothèques, une cuisine ouverte, une atmosphère très chaleureuse. L’idée, c’est que le chef surprenne les clients en leur faisant tester divers plats, selon le marché du jour”, explique Laurent Vasseur. Toute la cuisine sera supervisée par le chef Jordi Vallès (ex chef du St Régis, à Miami) ainsi que par Fabrice Renaudino et Nicolas Abello.
Si Le District gère directement les restaurants et tous les stands, deux entités sont indépendantes. La fleuriste Yasmine Karrenberg dispose d’un corner. Installée à New York depuis 1996, cette Française, qui a monté son entreprise de fleurs en ligne en 2011, a sauté sur l’occasion. Il s’agit de son premier point de vente physique. “En plus, je suis basée à Tribeca, ce n’est vraiment pas loin. Je suis ravie de pouvoir rencontrer mes clients dans cet espace propice aux échanges”, dit-elle.
Egalement indépendante, la boutique provençale La Cure Gourmande, qui possède une trentaine de magasins en France et dans le monde, occupera tout un coin. Et permettra de se remplir les poches de nougats, calissons, caramels et chocolats.