Pas toujours facile de savoir où commencer quand on veut vivre écolo à New York. Voici donc une idée simple rien que pour vous : le compostage. Si, si, c’est possible. C’est même « plus facile qu’en France ! », assure Julie Thibault-Dury, une Française du Queens qui pratique ce geste vert depuis son arrivée dans la Grosse Pomme.
Elle est la fondatrice d’une plateforme de vente de proximité, Closiist, et d’une chaîne YouTube sur le développement durable, Green For Blue. « Les Français aiment dire que les Américains sont les plus grands pollueurs. Certains comportements écolos à New York ne sont pas autant développés que de l’autre côté de l’Atlantique, mais pour le compostage, c’est hallucinant. Les New-Yorkais sont à fond ! »
C’est facile et en plus rudement utile pour la planète. Les matières compostables (épluchures de légumes et de fruits, branches, feuilles, herbe, coquilles d’œufs, plantes…) représentent environ un tiers des déchets résidentiels produits à New York. Une masse qui, compostée, peut être utilisée pour réduire les émissions de méthane qui s’échappent des décharges, mais aussi comme engrais pour les parcs ou source d’énergie renouvelable.
Pas besoin d’avoir un jardin pour s’y mettre. Plusieurs options existent si vous habitez en appartement. Il arrive notamment à Julie Thibault-Dury, qui vit dans un immeuble, de placer son compost dehors dans un pot de fleurs recouvert d’une soucoupe. « On peut aussi le faire dans la terre avec des plantes – avec des déchets plutôt secs comme des feuilles de maïs ou des épluchures de bananes, dit-elle. Il faut arroser deux à trois fois max par semaine. Et en deux mois, cela devient du compost. Et nourrit les plantes ».
Elle a également envisagé une autre option, qui aurait certainement plu à ses enfants (et peut-être moins à ses voisins) : le « lombricompostage », où des vers de terre décomposent les déchets et produisent un terreau fertile avec leurs déjections. Intéressé ? La ville de New York vous dit comment vous y mettre. La Française, elle, a dû se raviser faute de place.
La solution la plus simple, c’est de mettre les déchets organiques dans un sac ou une boîte placée dans le congélateur pour éliminer les odeurs. Le défi, c’est que les déchets peuvent s’accumuler rapidement. Il faut donc veiller à les apporter régulièrement à l’un des deux-cents sites de dépôt (food scrap drop-off sites) répartis dans toute la ville. Opérés par différentes associations locales (GrowNYC, Big Reuse…), ils se trouvent notamment dans les marchés fermiers et d’autres sites. Retrouvez la liste complète sur le site de GrowNYC.
Attention : ils ne sont pas ouverts tous les jours de la semaine et toute la journée. Il se peut aussi qu’il n’y ait pas de sites de dépôt à proximité. On vous conseille dans ce cas de cumuler votre sortie compost avec une autre activité (café, promenade à vélo…) comme le fait l’auteur de ces lignes. En effet, mon drop off le plus proche est à 45 minutes à pied de mon domicile dans le nord de Manhattan, mais ma compagne et moi avons pris l’habitude de nous rendre dans un magasin de bagels, près du site, après avoir déposé nos épluchures. N’hésitez pas à contacter le Département de l’Assainissement (Sanitation) de New York pour lui suggérer des endroits à ajouter au catalogue.
L’autre solution, plus pratique, c’est que l’on vienne collecter votre compost directement chez vous, c’est le curbside composting. Il est seulement proposé aux résidents de certains community boards, des zones qui recouvrent un ou plusieurs quartiers. Pour savoir si le vôtre offre cette possibilité, visitez le site du Département de l’Assainissement (DSNY). Si oui, et que vous habitez dans une maison ou un petit immeuble, vous pouvez vous inscrire directement sur le site. Si vous vivez dans un complexe de plus de dix appartements, il vous faudra donner le nom d’un représentant (propriétaire, concierge…) pour communiquer avec la ville et organiser la collecte en remplissant le formulaire du DSNY. L’administration peut se charger de contacter directement le responsable du bâtiment pour que vous n’ayez pas à le faire, mais il est conseillé de mobiliser vos voisins pour montrer que la demande pour un tel service existe. Au final, la décision appartiendra au board de votre co-op ou à la compagnie de management.
Si vous résidez à Queens, tout est beaucoup plus simple. En octobre, le maire Eric Adams a donné le coup d’envoi d’un ambitieux programme de collecte de compost pour tout l’arrondissement – la première fois qu’une telle initiative est menée à l’échelle d’un borough. Queens est le terrain de jeu idéal : avec 41% des arbres de New York, il produit des déchets organiques (branches, feuilles…) à foison.
Comment ça marche ? Dans le cadre du projet, les habitants n’ont qu’à placer leur compost dans un récipient (poubelles, sacs…) étiqueté sur le trottoir le jour du ramassage, une fois par semaine. Pas besoin de s’inscrire. Toutes les informations sur le programme, y compris comment obtenir gratuitement une étiquette pour votre contenant, sont ici.
Avant de se lancer dans cette aventure écolo, Julie Thibault-Dury a un conseil simple: « comprendre ce qui est compostable et ce qui ne l’est pas. Il y a beaucoup de gens qui font des erreurs et ça peut gâcher toute une poubelle de déchets organiques », observe-t-elle. Heureusement, entre le site de la Ville et les renseignements donnés par associations, ce ne sont pas les informations qui manquent. Il faut juste un peu de volonté.
Si vous habitez à New York et que vous voulez vous mettre au compostage, Julie Thibault-Dury offre Easy Compost, un ouvrage de conseils du Jardin Botanique de Brooklyn, à la première personne qui la contactera: [email protected]
Bonne lecture !