90ème et dernière minute de jeu. Coup-franc aux abords de la surface de réparation. Louis Perez place son ballon et envoie une frappe du côté du gardien pour l’égalisation à 1-1. Le Parisien de 23 ans exulte et on le comprend. En ce weekend gris de mi-novembre à Kansas City, une quarantaine de recruteurs de MLS et de USL (deuxième vision américaine) se sont déplacés au Swope Soccer Village, le centre d’entraînement du Sporting Kansas City, pour observer une sélection des meilleurs joueurs d’université du pays. Louis Perez fait partie de la soixantaine d’élus qui tentent de faire leur preuve pendant trois jours avant la grande Draft MLS prévue le 20 janvier. “Ça fait toujours plaisir de marquer. Globalement, je pense que j’ai montré que j’ai largement le niveau pour réussir“, estime le milieu de terrain qui peut évoluer à la récupération ou en numéro 10, devant les attaquants. Un autre Français participe à ce camp annuel, Sofiane Djefall, étudiant à l’université de l’Oregon après son passage au centre de formation du FC Nantes.
Louis Perez a connu un parcours fait de hauts et de bas avant de s’envoler vers les Etats-Unis. Il fait ses premiers pas dans les équipes de jeunes du PSG, où il va successivement être mis à l’écart puis rappelé avant d’être finalement non conservé par le club francilien à l’âge de 16 ans. “J’ai rebondi au centre de formation de Troyes l’année suivante, où j’ai notamment été capitaine en U19 national, raconte-t-il. Mais j’ai ensuite été envoyé en équipe réserve suite à un changement d’entraîneur. Ça m’a vraiment déçu et j’ai commencé à baisser les bras”. C’est son père qui va le remotiver, après que son fils ait assisté quelques mois plus tôt au centre de formation de Troyes à une présentation d’Elite Athletes, une agence qui offre à des joueurs en situation d’échec en France une chance de jouer au football et d’étudier aux Etats-Unis. “J’ai été invité en 2017 à une journée de détection à Clairefontaine, où j’ai joué devant des coaches d’université américaine. Ça s’est bien passé, j’ai reçu beaucoup d’offres. Mon père m’a aidé à faire le tri et j’ai décidé de rejoindre l’University of Central Florida (UCF)”.
A Orlando, Louis Perez atterrit dans la deuxième université du pays avec 65 000 étudiants, des installations ultramodernes et un cadre de vie idéal, sous le soleil et les palmiers. “Les infrastructures sont bien meilleures que dans n’importe quel centre de formation en France, et le staff est aux petits soins à porter le matériel, les bouteilles d’eau”, détaille le Francilien. “Du point de vue du terrain, l’Europe est meilleure techniquement et tactiquement, mais physiquement et dans l’esprit, c’est super, avec des matches engagés et la volonté de faire du jeu”. Au delà du football, Louis Perez explique avoir énormément grandi depuis son arrivée aux Etats-Unis. “Je suis très heureux d’avoir pu sortir de la mentalité française, parfois trop fermée, trop critique. Les Américains m’ont appris à avoir plus l’esprit d’équipe”, explique celui qui prépare un diplôme en communication interpersonnelle. “J’étais encore un enfant en France, et je suis devenu un homme ici”.
Les performances de Louis Perez avec les Knights, l’équipe de soccer de l’université de Floride, ont tapé dans l’oeil de plusieurs clubs de MLS, qui l’ont invité au Combine de Kansas City. Marco Ferruzzi, directeur du football au FC Dallas, fait partie des intéressés. “Il a été bon vendredi soir, et il a marqué un très beau but. Il a un très bon pied gauche, il fait partie des joueurs que nous recherchons”. A la tête du recrutement au FC Dallas depuis 16 ans, Marco Ferruzzi apprécie le profil des joueurs formés en Europe comme Louis Perez. “Ça fait partie de la stratégie du FC Dallas et de la MLS de recruter des joueurs techniques venus de l’étranger, et de leur apporter plus de bagage athlétique, dans un championnat demandeur comme le nôtre”.
Positionné majoritairement en milieu défensif pendant les trois matches du weekend, Louis Perez a impressionné par son sens du placement, de la passe, et par sa frappe de balle. De quoi signer son premier contrat professionnel le 20 janvier lors de la draft? Rien n’est moins sûr, comme l’explique Jérôme Meary, fondateur de l’agence Elite Athletes. “Seuls quelques joueurs internationaux sont autorisés à être sous contrat dans chaque club. La MLS se développe et les équipes ont de plus en plus d’argent, et on les voit de plus en plus garder ces places pour recruter des joueurs déjà aguerris et chers”. Une information qui n’entame pas le moral de Louis Perez, qui entend bien s’imposer en MLS. “Je ne regrette pas une seconde mon choix d’être parti aux US et je pense que j’ai de bonnes chances de passer professionnel. Et si ça ne marche pas, il n’y a pas que le football dans le vie. J’ai un diplôme et du plomb dans la cervelle maintenant”.
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