C’est officiel, le Club Med repart à la conquête du ski en Amérique du Nord, avec l’ouverture, vendredi 3 décembre, de son premier club all inclusive à Charlevoix, au Québec. Ce nouvel hôtel offre 302 chambres, réparties sur 41 000 m2 et 8 étages. Possédant actuellement onze villages dédiés aux sports d’hiver en France, deux en Italie, un en Suisse, deux en Chine et deux au Japon, le Club Med avait déjà tenté l’aventure aux Etats-Unis, en 1981 à Copper Mountain et en 2000 à Crested Butte dans le Colorado, avant de revendre ces complexes pour réinvestir l’argent dans l’entreprise. En effet, sous l’impulsion d’Henri Giscard d’Estaing, PDG depuis 2002, le Club Med a fait le pari du haut de gamme, réduisant le nombre de villages pour se concentrer sur la rénovation de certains, et la construction de villages quatre ou cinq tridents, selon la catégorisation de gamme spécifique au groupe.
L’implantation du Club Med à Québec-Charlevoix aura été un travail de longue haleine, mis en route il y a une dizaine d’années. « Nous avons investi 130 millions de dollars dans ce projet, symbole de notre persévérance à developper le tourisme dans cette destination incontournable pour les amoureux de la nature et les sportifs, et symbole également d’une relation forte avec les Canadiens que nous voulons inscrire dans la durée », explique Henri Giscard d’Estaing.
Le Club se situe à Petite-Rivière Saint-François, dans le Massif de Charlevoix, à environ une heure et demie au nord-est de Québec, le long du fleuve Saint-Laurent. Le Massif appartient depuis 2002 à Daniel Gauthier, co-fondateur du Cirque du Soleil, et qui œuvre beaucoup pour le tourisme de la région : « Quand j’ai quitté le Cirque du Soleil, je disais que le Cirque me permettait de voyager et de découvrir le monde, mais maintenant ce que je veux, c’est permettre à Charlevoix d’être découverte par le monde. Cette région a une richesse et un potentiel énormes. »
Et l’enjeu est de taille pour cette région méconnue aussi bien des Canadiens que des touristes étrangers : le Club Med n’entend pas se limiter à la seule saison du ski, mais proposer des activités qui rendront le massif de Charlevoix attractif toute l’année, comme le souligne le Premier ministre du Québec, François Legault : « En automne, nous avons des couleurs et des paysages magnifiques, tandis que l’été est la saison des baleines, et le printemps celle de la récolte du sirop d’érable. Randonnées et promenades en vélo tout terrain remplacent les activités hivernales. Avoir des activités toute l’année, même hors de la haute saison de ski, permettra de garantir des emplois toute l’année. »
Des excursions sont d’ailleurs proposées pour découvrir la petite bourgade toute proche de Baie Saint-Paul, que l’on rejoint en empruntant le train de Charlevoix qui roule le long du Saint Laurent, ou bien pousser jusqu’à Québec ou Valcartier et son hôtel de glace.
Pour le moment, le Club doit faire face à une pénurie de personnel, qui touche toute l’industrie du tourisme : « Sur 350 postes, 200 ont été pourvus à des Québécois, et il nous reste encore 5 à 10% d’embauches à faire », explique Henri Giscard d’Estaing. « Nous avons assez de personnel pour faire fonctionner le club, mais ce n’est pas optimal. Le Club se veut pourtant particulièrement attractif, avec des salaires compétitifs et 75 résidences réservées aux employés. »
On retrouve cette volonté affichée de mettre en valeur le patrimoine québécois dans l’architecture et la décoration intérieure du bâtiment. Construit à flanc de colline, il offre des vues imprenables sur le paysage environnant, tantôt sur le Saint Laurent, large de 18 kilomètres à cet endroit, tantôt sur la montagne.
Il incorpore aussi de nombreux rappels des traditions locales, comme les terrasses à la québécoise des chambres, une façade qui imite le bois, ou la courtepointe, ce patchwork traditionnel, qui orne la réception. L’architecture et le design intérieur ont été confiés à Lemaymichaud, une entreprise québécoise. « Le mandat confié à notre cabinet était clair : mettre le Québec à l’avant-plan et faire découvrir à une clientèle internationale la beauté du fleuve et de Charlevoix », explique Alexi Lemay, architecte.
En cuisine aussi, le Québec est mis à l’honneur dans les restaurants du Club : 80% des produits utilisés viennent du Canada, dont 30% d’un rayon inférieur à 100 km. Charcuterie et fromages locaux, tartare de cerf, vin de tomate, glace au sirop d’érable sont à découvrir dans les différents restaurants de l’hôtel.
Avec ses forfaits all inclusive, le Club Med propose une offre inédite pour ses clients férus de glisse : logement, nourriture, boissons, équipements de ski, de snowboard ou raquettes, leçons assurées par des moniteurs de l’ESF, remontées mécaniques, tout est compris dans le prix. L’attrait est encore plus grand pour les familles puisque les enfants sont pris en charge de quatre mois à dix-sept ans, avec des leçons de ski offertes à partir de quatre ans. « Souvent, les vacances au ski sont plus une “relocation” qu’un vrai moment de détente car il faut penser à réserver les leçons, prendre ou louer le matériel, …», souligne Carolyne Doyon, PDG de Club Med Amérique du Nord. « La formule Club Med permet d’ôter cette charge pour les parents qui peuvent profiter tout autant que leurs enfants de leur séjour. »
Le domaine compte cinquante-trois pistes de ski, dont dix-neuf noires, et offre le plus grand dénivelé à l’est des Rocheuses, ainsi qu’une piste de luge longue de 7,5 km. Promenades en traîneau, pêche sur glace, randonnées gourmandes ou en raquettes viennent compléter la liste des activités hivernales.
Une grande piscine chauffée, un jacuzzi, un spa, deux salles de sport, un espace yoga permettent de se détendre après une journée sur les pistes ou les chemins de randonnée. Le coût d’un séjour reflète le standard de l’hôtel : le prix d’appel pour un départ maintenant commence à 160 dollars par personne et par nuit, sans le transport jusqu’au club. Pour une semaine pour deux adultes et deux enfants en février, le site nous indique un tarif de 15 000 dollars.
Pour les fêtes, les réservations semblent de bon augure : « Le Club affiche complet ! », annonce fièrement Henri Giscard d’Estaing, PDG du Club Med. « Nos clients canadiens et américains ont répondu présents, et Européens et Brésiliens ne devront pas tarder à suivre. » Pas question pour autant de se reposer sur ses lauriers : un autre Club Med, situé à Snow Basin dans l’Utah, devrait ouvrir en 2024.