Entre radicalisation du discours politique et tragédie de Toulouse, l’ambiance est malsaine en France. C’est, en tout cas, le sentiment que l’on peut avoir en lisant la presse américaine ces derniers jours. Ainsi, depuis lundi, les médias couvrent abondamment la tuerie au collège juif Ozar Hatora, dans laquelle quatre personnes, dont trois enfants, ont été abattus froidement par un individu casqué qui a pris la fuite en scooter.
Alors que certains médias, comme le Christian Science Monitor, comparent le drame à celui de Columbine en 1999, d’autres s’attardent sur le caractère antisémite de l’acte. « La France a une histoire complexe avec l’extrême droite », raconte notamment CNN, rappelant que Jean-Marie Le Pen s’est hissé au second tour de l’élection présidentielle de 2002 et que sa fille Marine est candidate cette année. Que « Nicolas Sarkozy lui-même a dit dans une interview plus tôt ce mois-ci qu’il y avait trop d’immigrés en France ». Le Washington Post note quant à lui que “la plupart des juifs en France vivent en sécurité et participent activement à la vie citoyenne, la plupart des actes antisémites visent des monuments (cimetières, synagogue) plutôt que des personnes“. Cependant, le journal place la tragédie toulousaine dans un contexte d’« antisémitisme rarement violent, mais latent », qui se manifeste à travers « des lettres de menaces régulières qui parviennent aux autorités religieuses juives“, “des tombes d’israélites que l’on retrouve souvent profanées“. « La religion – et l’antisémitisme – pénètre dans le débat public, jusqu’à l’élection présidentielle actuelle dominée récemment par une polémique autour l’abattage rituel ».
Hollande, l’homme qui “propose une réforme toutes les heures”
Ambiance malsaine disions-nous ? Pour nos amis américains, les responsables sont tout trouvés : les candidats à la présidentielle. Ainsi, selon le New York Times, la campagne de M. Sarkozy devient-elle “de plus en plus moche“. Pour le journal, il ne fait aucun doute que si Sarkozy est battu, “cela sera parce qu’il a tenté de refermer l’écart entre lui et M. Hollande” de la plus vile façon possible, en “pêchant dans le banc des électeurs du Front National“. Le président candidat “pense peut être que c’est intelligent de promouvoir le racisme et la xénophobie” en oubliant que cela “entache la société française“. Le Wall Street Journal lui s’en prend à François Hollande, dans un édito au titre évocateur « France’s Race to the Bottom ». “Candidat dont la campagne est décidément ennuyante“, le socialiste aurait tellement peu d’idées qu’il “récupère celles de M. Sarkozy, réalisant que celles sur la lutte contre les marchés financiers pourraient lui prendre son électorat“. D’ailleurs, Sarkozy et l’homme (Hollande) qui propose “une réforme toutes les heures et “une nouvelle taxe toutes les demi-heures” ne sont pas si différents l’un de l’autre : ils appartiennent tous deux « à la catégorie de politiciens qui pensent que la chose la plus importante est de prendre le pouvoir ». A noter toutefois que le candidat socialiste n’est pas un vendu pour tout le monde : pour le Chicago Tribune, il “pourrait secrètement être un candidat réformateur” qui “souhaiterait réellement sortir le Parti Socialiste français de son enlisement idéologique et le rapprocher d’une politique de centre gauche“. Une affirmation qui peut surprendre quand on sait que François Hollande a proposé de taxer à hauteur de 75% les revenus supérieurs à un million d’euros. Pourtant, pour le journal, M. Hollande sait que cette mesure ne sera pas appliquée car il « garde en tête que si François Mitterrand est arrivé au pouvoir en 1981 avec des idées d’inspiration marxiste, il a dû changer de programme deux ans après son élection quand il a constaté que ses politiques avaient entraîné la chute de la valeur du Franc ».
Mélenchon prend la Bastille
Dans ce paysage politique encore et toujours dominé par les deux mêmes, on comprend mieux l’intérêt de la presse pour… Jean-Luc Mélenchon. Le candidat du Front de Gauche, près de 10% d’intentions de votes dans les sondages, tenait un rassemblement dimanche dernier place de la Bastille : “Il a marché sur la Bastille“, titre l’agence de presse Associated Press, avec un certain amusement. En effet, l’extrême gauche est quasi-inexistante dans le paysage politique américain. Si l’on en croit AP, Mélenchon “va jouer un rôle incroyablement important dans la campagne présidentielle française“. Digne réincarnation de Robespierre, il “a électrifié la foule de son aura” avec ses discours “typiquement anti-capitalistes“, puis, tel un Lénine, a “mené la foule en chantant l’Internationale“. “Beaucoup de gens votant traditionnellement à gauche trouvent que M. Hollande ne va pas assez loin et veulent utiliser le scrutin du premier tour pour exprimer leur mécontentement“, croit savoir le journal.
Les Françaises supérieures aux Américaines
Tuerie antisémite, climat politique délétère qui favorise l’extrême gauche… qui peut sauver la France cette semaine ? Sans doute le New Yorker . Dans un article intitulé « Vive la France » (enfin !), Paul Rudnick, se faisant passer pour une Française, revient sur toutes les raisons pour lesquelles la femme française est supérieure à l’Américaine. Forme physique, mode, éducation… tout y passe. Notre préférée : à propos de l’affaire Strauss-Kahn: « Sa femme est restée à ses côtés, pour une raison très simple: elle a épousé un Français. Au moins, elle n’aura jamais à dire : mon nom est Mme Newt Gingrich ».