Le dilemme est inédit. Alors que le gouverneur de Floride Ron DeSantis pousse pour la réouverture des écoles, certains districts scolaires de l’État, comme celui de Miami-Dade, indiquent ne pas vouloir rouvrir leurs établissements tant que la situation actuelle liée à la pandémie de la Covid-19 ne se sera pas améliorée. La rentrée scolaire se fera donc le lundi 31 août à distance, au moins jusqu’à fin septembre, pour les écoles publiques de Miami. Concernant les établissements privés, les plans de réouverture sont parfois différents et des formules hybrides pourraient voir le jour.
« C’est une nouvelle rassurante car je n’avais vraiment pas envie que mon fils de cinq ans retourne à l’école dans de telles conditions », raconte Héloïse Colin qui scolarise son enfant dans un établissement public du quartier de Brickell. Comme tous les élèves inscrits dans une école publique du district scolaire de Miami-Dade, son fils aura accès à My School Online, une nouvelle plateforme centralisant tous les outils scolaires. « J’ai hâte de découvrir comment elle fonctionne, mais cela ne pourra être que mieux que ce que nous avons expérimenté durant la fin de l’année scolaire car il fallait alors utiliser un logiciel pour assister au cours et se rendre sur trois ou quatre sites afin de faire les exercices », explique la Française qui, malgré tout, estime que la formule 100% virtuelle contient son lot de contraintes. « À cet âge, il faut que je sois disponible en permanence pour pouvoir aider mon fils, il est donc impossible que je puisse reprendre le travail, même un mi-temps semble inenvisageable ».
« J’ai l’impression d’être prise en otage », indique de son côté Anna Alexis Michel dont la fille de 18 ans est scolarisée dans un lycée public de Miami Beach. « Quand elle travaille dans sa chambre, il n’y a ni ses camarades pour l’aider ni ses professeurs pour lui expliquer la méthode, je me retrouve parfois contrainte à faire de la trigonométrie alors que j’ai un profil littéraire », plaisante-t-elle. Cette mère de famille estime par ailleurs que les cours virtuels montrent rapidement leurs limites. « Contrairement à une journée passée dans son lycée, ma fille n’a pas vraiment d’interactions avec ses amis et ses enseignants, elle pratique donc très peu son anglais et j’ai peur que son niveau en langue finisse par baisser ».
Pour certains étudiants de l’enseignement supérieur, la mise en place des cours virtuels s’avère également parfois problématique. « Il est plus facile de suivre un cours dispensé en classe car actuellement pour me connecter j’utilise mon téléphone et lorsque je reçois un message ou un email je suis tentée de le regarder, donc forcément je perds plus vite l’attention », indique Rachel Santos. Diplômée d’une école d’infirmière en France, la trentenaire suit une formation spécialisée en chirurgie dans une université publique afin de pouvoir exercer en bloc opératoire. « Pour l’instant, seule la théorie est proposée sous forme de cours en ligne. La pratique, qui est bien évidemment essentielle, a été reportée jusqu’à une date inconnue, ce qui va forcément retarder ma recherche d’emploi ».
Les écoles privées, quant à elles, font parfois languir les parents car leur format de rentrée scolaire n’a pas encore été officiellement annoncée. « Au sein de mon établissement, on s’orienterait vers un jour par semaine de classe en présentiel et le reste en virtuel pour les enfants en maternelle, et ce serait des cours totalement en ligne pour les autres élèves », indique Camille Bleuet qui scolarise ses deux enfants âgés de cinq et sept ans dans une école privée homologuée par le ministère de l’Éducation nationale au sud de Miami. « Cela signifie que je devrais accompagner l’un de mes fils à l’école pendant que le second aurait à suivre ses cours virtuels à la maison, une situation qui semble impossible à gérer, insiste-t-elle. Je ne vois pas non plus pourquoi les établissements privés disposeraient de meilleures conditions sanitaires pour accueillir les élèves alors que les écoles publiques préfèrent rester fermées par précaution. Il faudrait que les établissements finissent par s’aligner car la situation est vraiment incompréhensible ».