Tel un agent secret, le joueur se faufile dans le labyrinthe jusqu’à avoir son adversaire dans le viseur. Tout en fléchissant les jambes pour rester invisible derrière un mur, il tire. Un point supplémentaire qui le rapproche de la victoire.
En couple dans la vie et adversaires lors des parties, les Français Lucie Colin et Philippe Robert se sont tellement pris au jeu du Laser Game qu’ils sont devenus des “machines de guerre“. « Cela fait 30 ans que cela existe, sans évoluer », constatent-ils. Ces compétiteurs ont alors décidé de le révolutionner, en le transformant en véritable discipline sportive. Alliant les effets du fitness au divertissement, LazRfit a ouvert sa première salle lundi 17 avril à Los Angeles. Une salle où les participants enchaînent les parties comme les séances d’abdominaux et les exercices de cardio.
Situé dans le quartier de Southpark à Downtown, le centre n’a rien à voir avec les traditionnels entrepôts de Laser Game. Oubliez les fumigènes, les salles plongées dans le noir et les combinaisons massives. Avec LazRfit, la partie se joue dans la lumière naturelle, au travers d’un labyrinthe en bois imaginé par le couple et créé sur-mesure. Les joueurs évoluent avec un équipement esthétique et léger, rappelant le « holster » des policiers. Ainsi, le fusil a été remplacé par un joystick beaucoup plus malléable. En plus de comptabiliser les points, cette manette recense le nombre de calories dépensées.
Un nouveau terrain de jeu, la Californie
Avant d’en arriver à cette technologie, le couple a affronté les obstacles, oscillant entre espoirs et déceptions. “Tout a commencé par une partie avec les collègues de Lucie il y a 5 ans“, retrace Philippe Robert, 36 ans, qui a l’habitude de relever les challenges sportifs. Installé à Genève, le couple se prend tellement au jeu qu’il renouvelle l’expérience de manière frénétique, jusqu’à s’y rendre 5 fois par semaine pour affronter de parfaits inconnus. Ils ont alors l’idée de créer un site internet pour créer une communauté de « lazeurs » qui se retrouverait pour des parties de haut vol, mais aussi évaluer les performances des joueurs. En 2011, ils décrochent un contrat avec une franchise française (Laser Game Evolution), mais tout ne se passe pas comme prévu. “Ils ont dénaturé notre projet avec la réservation en ligne“, regrette Lucie Colin, 28 ans, qui s’est retrouvée confrontée à un milieu hostile aux évolutions. Malgré cet échec, ils n’abandonnent pas la partie.
“Il y avait un engouement de la part des filles“, fait remarquer Philippe Robert. “Elles nous racontaient avoir perdu du poids par le jeu, sans s’en rendre compte. Il y a un vrai potentiel fitness. On apprend à jouer, on progresse comme dans un sport. On se retrouve à faire des squats pour être intouchables.”
Refusant de baisser les bras, ils ont alors l’idée de faire évoluer le jeu. Pour cela, ils changent de terrain. “Nous avons été obligés de quitter l’Europe, qui préfère les concepts déjà validés. Nous sommes passés du statut de doux imbéciles à celui de génies aux Etats-Unis.”. Misant sur ses connaissances complémentaires en marketing, le couple travaille durant deux ans sur le projet, s’entourant de deux coéquipiers – un ingénieur et un designer devenus leurs associés- pour développer la technologie et l’équipement. Au printemps 2016, ils partent pour San Diego. “Je trouvais Los Angeles trop grande, j’en avais un mauvais souvenir“, défend Philippe Robert, un Parisien habitué des Etats-Unis. “Mais je n’avais pas anticipé que San Diego, c’était la campagne.”
Changement de plan, direction Los Angeles. “J’ai fait le calcul : il y a seulement 8 Laser Game dans le Grand Los Angeles, et des milliers de clubs de fitness“, précise Lucie Colin, qui, après des mois de recherches, tombe sous le charme d’une ancienne salle de MMA en décembre. Avec le challenge d’ouvrir au plus vite, le couple encadre les travaux – à hauteur de 150.000 dollars-, comprenant la réfection du sol et du toit, ainsi que la fabrication des modules en bois qui structurent le labyrinthe.
Créer une génération de LazRfiteurs
Après cet échauffement, les Français se lancent officiellement dans l’arène. Ils aspirent à ce que leurs clients considèrent le LazRfit comme une activité sportive à part entière, qui se pratique régulièrement (via des abonnements), travaillant notamment le cardio et la musculation en s’amusant. Bref, créer une génération de « LazRfiteurs. » Les joueurs assidus pourront suivre leur marge de progression, via une application dédiée.
“Actuellement, si on dit qu’on est excellent en Laser game , cela n’impressionne personne. J’aimerais que d’ici 3 ans, quelques personnes se rendent compte de ce que ça représente“, plaide Philippe Robert. Pour obtenir cette reconnaissance, il entend passer par la médiatisation. A partir de go-pro et de caméras sur le parcours, il va immortaliser l’ascension du gagnant et poster les vidéos sur Youtube.
“Ce premier centre est un showroom pour développer la marque LazRfit.” Leur plan de match : développer leur franchise à domicile (Los Angeles), avant de jouer à l’extérieur, à San Diego et San Francisco. Avec toujours un plan d’avance, ils ambitionnent de vendre leur équipement “made in LA” aux particuliers, et de créer des parcours pour enfants. Leur coup de foudre pour le Laser Game ne s’est pas essoufflé.