Tout le milieu de la mode parisienne le connaît. Laurent Suchel, à la tête de son agence de relations presse pendant plus de 30 ans, a collaboré pour les grandes maisons de mode, de Moschino à Dsquared, Diesel, Masaki Matsushima ou avec le créateur Rodolphe Menudier. Aujourd’hui sculpteur, il réalise dans sa maison d’Indian Wells, à quelques kilomètres de Palm Springs, des pièces uniques qui s’invitent dans les plus belles villas de Californie.
Né dans le Beaujolais, à 30 kilomètres de Roanne, « dans un trou perdu », Laurent Suchel monte à Paris à 19 ans, pour s’inscrire à l’ESMOD, la plus ancienne école de mode au monde, fondée en 1841. Mais il n’a qu’une idée en tête : travailler. « Grâce au père de l’un de mes amis, j’ai été mis en relation avec l’attaché de presse le plus couru de la place parisienne alors, Jean-Jacques Picart. Il venait de placer Christian Lacroix à la tête de la création de la maison Patou. Il m’a ouvert son carnet d’adresses », raconte-t-il.
Embauché pendant 5 ans au sein du bureau de presse de Christine Blanc, autre figure du milieu dans les années 1980, il apprend le métier, part découvrir l’Amérique Latine pendant un an et finit par être rappelé par Jean-Jacques Picart quelques années plus tard. Ce dernier lui propose de gérer la communication de la maison Christian Lacroix. Il y officiera six ans, avant de créer son propre bureau, en 1993.
Il y a 10 ans, éloigné de son épouse américaine en raison d’un problème de visa, Laurent Suchel décide de se lancer dans un nouvel art : la peinture. Le début d’une reconversion qui l’amène à trouver son premier studio, dans le 9e arrondissement de Paris. De fil en aiguille, il fait la rencontre du céramiste Grégoire Scalabre, récemment lauréat du Prix Liliane Bettencourt pour l’intelligence de la main, qui récompense les métiers d’art en France. « Nous sommes devenus amis et il m’a aidé à me former à la céramique, confie Laurent Suchel. J’ai compris que j’avais envie de créer. La terre s’est imposée à moi. »
Installé depuis quelques années à plein temps aux États-Unis, Laurent Suchel sculpte aujourd’hui ses pièces dans le studio de sa maison, posée dans le désert d’Indian Wells. « J’ai toujours voyagé aux États-Unis grâce à mon épouse Dovi Mamikunian -ndlr, la fondatrice du bureau de presse parisien DM Media– qui est originaire de Santa Monica. Des voyages de plusieurs mois par an, jusqu’à trouver, en 2011, une ranch house dans le désert, construite en 1974 et entourée par les montagnes. »
De son atelier sortent ainsi des créations éclectiques, « des pièces parfois inspirées par la vie d’un objet ou d’un accident, et en général très intuitives » dit-il. Chez lui, sculptures totem, bustes et réalisations aux lignes courbes, organiques et bombées, évoquent force, harmonie et féminité.
« La céramique m’a littéralement fait changer de vie, confesse-t-il. Même si le doute s’invite parfois dans mon processus de création, c’est en utilisant mes mains que je suis le plus heureux. L’idée de vivre sans contrainte, sauf celle de nettoyer mon matériel et mon studio, d’être loin de toute obligation, m’arrange plutôt bien. » Pour le reste, un bon restaurant, quelques potes français, des week-ends aux côtés de sa femme et de sa fille suffisent à son bonheur. « Les potiers ne sont généralement pas des mecs qui parlent beaucoup, après tout » reconnaît l’artiste.
Représenté par le showroom Kimberly Denman -co-piloté par le français Laurent Rebuffel-, et la galerie d’art JC Studio à Cathedral City, Laurent Suchel présente aussi ses sculptures depuis peu à la galerie Twentieth à Los Angeles.