Attention spoiler. À la fin, un temple majestueux brûle au milieu du désert. Les flammes se reflètent dans les pupilles larmoyantes des festivaliers assis autour… Être réduit en cendre, telle est la destinée de cette oeuvre monumentale, construite chaque année pour le festival Burning Man, par une centaine de « burners » sous la houlette de l’artiste américain David Best.
Le réalisateur français Laurent Le Gall, raconte cette expérience humaine à travers The Temple, un web-documentaire de huit épisodes de sept minutes disponible sur Youtube.
« Il y a vingt ans, quand je suis arrivé à San Francisco, je n’avais jamais entendu parler de Burning Man », se souvient Laurent Le Gall. Le réalisateur, originaire du Finistère, apprend l’existence de ce festival du désert, dans les airs. « J’étais dans un avion lorsque j’ai vu un reportage sur Burning Man avec des photos sidérantes. À l’époque, les médias en parlaient comme un sous-Woodstock, sexe, drogue, rock’n’roll… ». Burning Man a vu le jour sur la plage de Baker Beach, à San Francisco, en 1986 avant d’être délocalisé dans le désert de Black Rock dans le Nevada.
Installé à San Rafael, dans la baie de San Francisco depuis 1999, Laurent Le Gall décide de goûter à l’expérience Burning Man en 2002, avec « une glacière et une caméra » sous le bras. « En arrivant sur cet immense lac préhistorique asséché, surnommé la playa, j’ai proprement halluciné. Ça a eu l’effet d’une retraite sur moi », se remémore-t-il, encore les yeux écarquillés.
Au pied du temple
La rencontre entre le réalisateur et la playa de Burning Man, est empreinte d’une grande émotion. « J’étais en plein deuil de mon père avec qui je faisais beaucoup de films et j’avais perdu l’envie d’en faire », confie le réalisateur qui a signé une série de 30 reportages intitulée L’Amérique dans tous ses États, avec Gerard Klein.
« Un matin très tôt, je me promenais sur la playa et je suis tombé sur ce temple d’une beauté incroyable ». Le temple est l’une des multiples structures éphémères érigées à l’occasion du festival. Laurent Le Gall fait alors la connaissance de David Best, le maître de cette œuvre qui « récupère des morceaux de bois pour en faire de la dentelle de bois ». « David Best commence à me raconter la signification du temple et m’explique qu’il est destiné aux êtres chers disparus. Là je commence à comprendre pourquoi je suis venu dans ce désert. Il m’a dit de prendre ma caméra et de le filmer. C’est le point de départ de mes reportages sur Burning Man. »
Le cœur spirituel de Burning Man
Voilà quinze ans que Laurent Le Gall se rend à Burning Man, en famille. Son fils Lhassa, 13 ans, construit des temples depuis l’âge de 3 ans. « J’ai fait six films sur Burning Man et je vais continuer à en faire jusqu’au bout ». À ceux qui considèrent que le festival est devenu un repère de hipster, le réalisateur répond que « en trente ans, Burning Man est devenu une marque qui a résisté aux sirènes du capitalisme. Ce festival n’a été récupéré, ni sponsorisé par personne ». Et cette indépendance a un prix : il faut compter près de 1 500 $, ticket et nécessaire de survie compris !
À travers son premier web-documentaire, le Français s’est penché sur la dimension spirituelle de Burning Man à travers ce temple. « Les gens viennent mettre des cendres de leur proche dans ce temple, certains amènent le piano de leur grand-père, d’autres des chaussures de bébé qui n’ont pas survécu. C’est toute la détresse du monde qui se retrouve là, en même temps. » Une détresse qui se meurt chaque année dans les flammes du temple.
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