La vacance n’aura finalement duré que trois semaines. Laurent Bili, le nouvel ambassadeur de France aux États-Unis nommé le 14 février dernier, arrivera en fin de semaine à Washington. Il entrera officiellement en fonction à l’ambassade lundi prochain, le 6 mars, après trois années passées à Pékin et une courte escale à Paris, le temps de prendre ses instructions pour son nouveau poste et de rencontrer son homologue américaine en France, Denise Bauer.
Un réel plaisir de rencontrer pour la première fois Laurent Bili, futur Ambassadeur de France aux États-Unis. Impatiente de travailler ensemble pour approfondir la relation diplomatique 🇺🇸-🇫🇷 ! Bon vol et bonne prise de fonctions à D.C. ! #OldestAlly pic.twitter.com/dRcaLyYEg6
— Denise Bauer, Ambassadrice des USA en France (@USAmbFrance) February 23, 2023
Cinquième poste d’ambassadeur
Laurent Bili n’était pas dans la shortlist de départ pour le poste de Washington mais son expérience des relations avec la Chine, après trois années à l’ambassade de France à Pékin (2019 à février 2023), a certainement pesé dans le choix de l’Elysée, alors que les relations sino-américaines n’ont cessé de se dégrader depuis la pandémie de Covid. Le balloongate – le ballon espion chinois qui a survolé les États-Unis avant d’être détruit, le 4 février, au large des côtes de Caroline du Sud – a crispé un peu plus encore les relations entre Pékin et Washington.
Emmanuel Macron offre donc un cinquième poste d’ambassadeur à Laurent Bili. Avant l’ambassade de Pékin, le diplomate de 61 ans a dirigé celles de Brasilia (2015-2017), d’Ankara (2011-2015) et de Bangkok (2007-2009). Autant d’opportunités de confirmer sa réputation de polyglotte, parlant, entre autres, cinq langues selon sa biographie : anglais, turc, espagnol, portugais et thaï. Il avait même été un temps pressenti pour Moscou avant d’être nommé à Pékin.
Les voyages, c’est une histoire familiale : né en Allemagne, à Trèves où son père militaire était en garnison, il n’a cessé de déménager au gré des affectations. Laurent Bili n’a posé ses bagages en France, en Bretagne, qu’à l’âge de 10 ans. Ancien élève du Lycée Michelet de Vanves, diplômé de Sciences Po Paris et de l’ENA (concours interne, promotion Victor Hugo), il a travaillé 5 ans à la cellule diplomatique de l’Élysée (sous Jacques Chirac, de 2002 à 2007), avant de diriger, deux ans plus tard, le cabinet du ministre de la Défense Hervé Morin (2009 à 2010). Les deux hommes auraient d’ailleurs l’opportunité de se retrouver à New York mi-mars, le président de la région Normandie ayant prévu une visite à Big Apple.
Retraite active pour Philippe Etienne
Ce grand amateur de rugby et père de 4 enfants est donc familier des terrains de négociations difficiles. Car ambassadeur de France à Washington est loin d’être un poste tranquille, comme peut l’attester son prédécesseur Philippe Etienne, entre la crise des sous-marins australiens en 2021 et les frictions diplomatiques liées à l’adoption de l’Inflation Réduction Act (IRA) par le Congrès américain.
Philippe Etienne lui, atteint par la limite d’âge, entend mener une retraite active : le diplomate de 67 ans revient aux États-Unis, à New York cette fois, pour enseigner à l’université de Columbia durant le trimestre universitaire de printemps, de mars à fin mai.
Quant au successeur de Laurent Bili en Chine, il est loin d’être un inconnu pour les expatriés français de la circonscription new-yorkaise. Il s’agit de l’ancien consul général de France à New York et l’actuel Directeur Asie et Océanie au Quai d’Orsay, Bertrand Lortholary. Sa première mission sera de préparer la visite d’Emmanuel Macron à Pékin début avril.