L’annonce tarde à venir du côté du Quai d’Orsay mais, depuis plusieurs jours, son nom circule avec certitude au sein de la communauté française. Laurent Bili, l’actuel ambassadeur de France à Pékin, devrait être officiellement nommé ambassadeur de France à Washington et succéder ainsi à Philippe Etienne, comme le dévoilait Paul de Villepin de Politico Europe sur twitter fin décembre. « Certaines nominations prennent un peu plus de temps parce qu’on cherche la bonne personne pour des postes sensibles », expliquait la semaine dernière Olivier Becht, le ministre délégué chargé du commerce extérieur, de l’attractivité et des Français de l’étranger, à Politico qui le questionnait sur cette nomination attendue.
Confirmation que, vu de Paris, Washington reste un poste « sensible », d’autant plus dans un contexte diplomatique tendu entre la Maison Blanche et la Chine. Laurent Bili semble donc l’homme de la situation, expert des relations avec Pékin. Un cinquième poste d’ambassadeur pour le diplomate de 61 ans, qui, avant son arrivée à l’ambassade de France à Pékin en septembre 2019, avait dirigé celles de Brasilia (2015-2017), d’Ankara (2011-2015) et de Bangkok (2007-2009). Autant d’opportunités d’ailleurs de confirmer sa réputation de polyglotte, parlant cinq langues : anglais, turc, portugais, espagnol et thaï.
Né en Allemagne, à Trèves où son père militaire était en garnison, Laurent Bili a baigné dans les voyages depuis l’enfance, déménageant au gré des affectations. Il n’a posé ses bagages en France, en Bretagne, qu’à l’âge de 10 ans. Ancien élève du Lycée Michelet de Vanves, diplômé de Sciences Po Paris et de l’ENA (promotion Victor Hugo), il a notamment dirigé le cabinet du ministre de la Défense Hervé Morin de 2009 à 2010.
Ce grand amateur de rugby et père de 4 enfants est donc familier des terrains de négociations difficiles. Car ambassadeur de France à Washington est loin d’être un poste tranquille, comme peut l’attester son prédécesseur Philippe Etienne, entre la crise des sous-marins australiens en 2021 et les frictions diplomatiques liées à l’adoption de l’Inflation Réduction Act (IRA) par le Congrès américain.
Philippe Etienne lui, atteint par la limite d’âge, compte bien mener une retraite active : comme il l’a confirmé lors d’une réception d’adieux au Consulat de New York cette semaine, le diplomate de 67 ans restera aux États-Unis et notamment à New York, puisqu’il rejoindra le mois prochain « une institution new-yorkaise », dans le domaine de l’éducation supérieure.
Le successeur pressenti de Laurent Bili en Chine n’est pas inconnu des expatriés français de New York. Selon La Lettre A, l’ancien Consul général de France à Big Apple et actuel Directeur Asie et Océanie au Quai d’Orsay, Bertrand Lortholary, devrait en effet devenir le prochain ambassadeur de France à Pékin.