« La femme a une puissance singulière qui se compose de la réalité de la force et de l’apparence de la faiblesse. » C’est avec ces mots de Victor Hugo que s’ouvre le premier roman de Laure de Rivières, une Française installée à Los Angeles depuis 2015. À l’occasion de la sortie de son livre La belle famille, édité par Flammarion, elle sera en dédicace au Zinqué, à Venice, le mardi 7 juin à partir de 6pm.
Son roman raconte comment la candide Manon, 18 ans, voit sa vie basculer en acceptant une offre de nounou dans une famille bourgeoise de l’Est de la France. Le père et ses cinq enfants pleurent alors la mort de la mère dans de troubles circonstances. Puis ce père va passer d’employeur à amant, de mari à bourreau. « Manon s’inspire d’une très belle jeune femme que j’ai rencontrée. Son histoire est aussi dense que dingue… Je ne savais pas comment j’allais la raconter, mais je voulais écrire son courage et montrer qu’il n’y a pas besoin d’avoir une faille pour être victime d’emprise », explique Laure de Rivières.
Le roman décrit ainsi la longue descente aux enfers de Manon. Fille d’un basketteur américain noir, issue d’un milieu ouvert et soutenue par ses sœurs, elle débarque dans une famille catholique pratiquante sans aucun à priori. Elle s’intéresse, questionne, s’attache aux cinq enfants, les élève, les aime comme les siens et tombe amoureuse de Thierry, leur père. Mais peu à peu, le lecteur va la voir « rétrécir », « s’atrophier » au contact de celui qui « refuse de se faire soigner et qui se croit au-dessus de tout ».
Et Laure de Rivières de préciser : « j’ai opté pour un roman chorale qui laisse les protagonistes de l’histoire s’exprimer à tour de rôle dans les chapitres ». Une vision panoramique qui permet à l’autrice d’éviter tout manichéisme et de partager les ressentis des personnages impliqués : la belle-mère aristocrate, l’oncle (un curé radical), les enfants de Thierry, les parents de Manon, son amie…
On devine alors que derrière la façade du beau château de famille se tissent des relations complexes « aux radiations toxiques pour tous ses membres ». L’écriture, très visuelle, offre une expérience quasi cinématographique et, à la manière d’un polar, pousse à tourner les pages afin de savoir comment Manon va s’en sortir. Selon l’autrice, « c’est une histoire de courage, de survie et de don de soi, une manière d’être féministe ».
La belle famille sorti aux éditions Flammarion en mai 2022. Disponible partout, notamment sur Lireka, librairie qui expédie aux USA sans frais de port.
Si Laure de Rivières signe avec La belle famille un premier roman bouleversant, c’est pour elle un second ouvrage. En 2018, elle a ainsi publié Nage Libre, un recueil de nouvelles (éditions Thot). « J’ai adoré explorer les genres et les styles, passant du thriller au trash, du romantique au cynique », détaille t-elle. Déjà alors, elle s’intéresse à la place des femmes dans la société. Le fil qui relie en effet la vingtaine de nouvelles se résumant aux choix auxquels les femmes se confrontent, à tout âge et à différentes époques.
L’autrice avoue s’être beaucoup amusée à écrire ce recueil : « c’était ludique, une première expérience démente ». La Française, qui a suivi son mari avec ses quatre enfants à Los Angeles, a su retrouver une activité « exaltante et passionnante ». Journaliste pendant plus de dix ans en presse magazine féminine, elle avait fondé une agence de communication en positionnement de marque. Après son arrivée à LA, elle avait décidé de la mettre en sommeil et de se lancer dans l’écriture. Pari gagné. « Je suis une “nobody”, sans contact dans l’édition et je me sens très chanceuse d’être publiée aujourd’hui ».
Laure de Rivières a également co-écrit un scénario entre ses deux livres (qui a été acheté) et avec l’expatriation qui se prolonge, elle compte bien continuer sur sa lancée. D’autres scenarii, un nouveau roman, une adaptation cinématographique ? « Pourquoi ne pas rêver ?! » lance t-elle amusée avant d’ajouter : « Ici, tout est possible, le positivisme fait tellement de bien ! Je ne suis pas sûre que ça se serait passé de la même façon en France ! »