C’est une vidéo de quelques minutes seulement, tournée au début du Covid en mars 2020, dans un parc de Montréal. On y entend les oiseaux qui gazouillent, et Laura Anglade, seule avec son yukulele, y livre une interprétation toute personnelle de La Valse des Lilas de Michel Legrand. Postée sur Instagram, la vidéo a été beaucoup vue, mais elle a surtout été remarquée par… Melody Gardot. La carrière de Laura Anglade a alors définitivement pris une autre tournure : l’artiste américaine renommée lui a proposé de l’accompagner lors de sa tournée de 2022 pour effectuer toutes ses premières parties. Deux ans plus tard, beaucoup de chemin a été parcouru et Laura Anglade réunit un public sur son seul nom dans une série de concerts aux États-Unis (billets ici) et s’apprête à sortir son troisième album, au printemps.
« C’était incroyable que Melody Gardot me remarque et me contacte, confie la jeune chanteuse de jazz qui possède la double-nationalité franco-américaine. C’était assez fou, je n’y croyais pas. Mon agent m’a appelée et m’a dit : ‘’es-tu es bien assise ?’’ Je l’écoutais quand j’étais petite, lorsque ma mère m’emmenait en voiture à mes cours de chant. La tournée avec elle et son groupe a été incroyable. »
Écouter Laura Anglade chanter, c’est plonger dans un univers de velours. Sa voix ne ressemble à aucune autre et elle revisite les standards du jazz en y apportant sa touche bien à elle. « Mon prof de chant m’a fait sortir ma voix en me faisant notamment passer par le speech singing, explique-t-elle. On aborde un morceau en le parlant. Cela m’a aidé à me construire un style, à ne pas être dans l’imitation. »
Son premier album « I’ve got just about everything » (2019) s’était concentré exclusivement sur des classiques de la musique américaine. Son deuxième, « Venez donc chez moi » (2022), était quant à lui 100% français. Son troisième consacrera un retour à la langue anglaise. Car Laura Anglade possède une double culture franco-américaine née de son parcours à cheval sur les deux continents et même au-delà.
« Mes parents sont français et voyageaient beaucoup, j’ai habité bébé dans plusieurs pays d’Asie, raconte-t-elle. À 5 ans, on est venu s’installer aux États-Unis, dans le Connecticut. C’est là que j’ai grandi. Lorsque mes parents sont repartis vivre en France avec mes frères, dans un petit village de l’Aveyron, Brousse-le-Chateau, je suis restée poursuivre ma scolarité ici. Je les rejoignais pour les vacances. »
Elle trouve, lors de ses venues dans ce coin du sud de la France, un univers qui lui correspond complètement : « C’est très calme, très reposant. Cela représente une partie de moi : je suis très introvertie, j’ai besoin de calme et de solitude, même si paradoxalement j’aime aussi être sur scène. » Mais sa carrière, c’est en Amérique du Nord que Laura Anglade la mène. Au Canada, à Montréal et Toronto tout d’abord, puis aux États-Unis depuis cette année, à New York où elle a décidé de s’installer pour sa scène jazz inégalable.
« On sent l’histoire musicale, il y a une âme ici », confie-t-elle, particulièrement attirée par les scènes du Smalls ou de Mezzrow (où elle s’est produite en 2022). Le lundi 30 décembre, elle sera au Zinc Bar, ce club très couru de Greenwich village. Le public y découvrira une artiste à la sensibilité délicate et une personnalité qui semble avoir été faite pour le chant. « J’ai toujours su que j’avais besoin d’exprimer quelque chose en moi. Ma mère raconte souvent ce besoin que j’avais, dès petite, de communiquer. J’avais quelque chose dans l’âme, je suis assez spirituelle. »
Au point d’avoir toujours poursuivi son chemin sans forcément douter de la destination. « Je n’avais pas prévu de faire carrière, tout cela s’est fait tout seul, confie-t-elle. À un moment, j’avais décidé de donner plus de place à mes études et mon prof de chant m’avait dit : ce n’est pas grave, la musique te retrouvera plus tard. » Des retrouvailles sous forme d’une vidéo de quelques minutes repérée par Melody Gardot…