Lorsqu’elle a commencé sa carrière chez Nestlé, au plus près des usines de production, Lucie Basch a été abasourdie par le volume de nourriture qui était jeté tous les jours. « J’ai réalisé que tous les jours, nous jetons un tiers de la nourriture produite dans le monde. J’ai voulu sensibiliser les gens à cette question et les connecter ensemble via une application ». L’idée de la start-up a ensuite germé : une application qui connecte les commerçants de quartier ayant des invendus, et des citoyens qui paient un prix bradé pour les récupérer à la fermeture. Chaque utilisateur paie un prix compris entre 3 et 4 euros pour recevoir un « panier surprise » avec des produits pour une valeur trois fois supérieure à ce prix. Et l’application se rémunère 1,09 euro sur chaque panier. Après avoir développé un premier concept au Danemark et en Norvège début 2016, elle déménage en France. L’Hexagone vient de voter la loi Garo sur la lutte contre le gaspillage alimentaire, une opportunité unique pour lancer officiellement Too Good To Go en juin 2016.
La suite est celle d’un succès éclair : l’application est adoptée par l’ensemble des grands distributeurs alimentaires, mais aussi des boulangeries, commerces de quartier et chaînes de renom telles que Paul, Sushi Shop, Ladurée, Lenôtre etc. En seulement quatre ans, elle a attiré pas moins de 15.000 commerçants en France, et a été lancée dans 14 pays en Europe. « Nous sauvons 100.000 paniers par jour. Depuis le lancement, cela représente un total de 45 millions de paniers ».
Nouvel objectif : les États-Unis, où la mission est encore plus vaste puisque 42 % de la nourriture produite est jetée. Too Good To Go a profité de la Journée Internationale de sensibilisation contre le gaspillage alimentaire, mardi 29 septembre, pour officialiser son lancement à New York. Ici, chaque panier surprise coûte 5 dollars et donne droit à 15 dollars de marchandise, sur lesquels l’application prélève 1,39 dollar. La start-up a ouvert un bureau sur Broadway, près de Canal Street, et compte une équipe d’une trentaine de personnes chargée d’aller démarcher les commerçants de la ville. 250 commerçants ont déjà répondu présents, dont les magasins Brooklyn Fare, et elle vise désormais les grands acteurs de la distribution alimentaire.
La start-up, qui a levé 24 millions d’euros depuis sa création, va financer son développement américain grâce à son succès en Europe. Elle a la particularité de ne faire aucune dépense marketing ou de publicité, et compte sur le bouche-à-oreille, qui a été si efficace sur le Vieux Continent. Outre New York, Too Good To Go s’est également lancée à Boston le 6 octobre. Elle compte ensuite essaimer dans tout le pays, côte Est puis Ouest. L’objectif est de sauver plus de 3 millions de repas aux Etats-Unis l’an prochain, puis d’avoir autant d’impact qu’en Europe dès 2022.
Mais Too Good To Go est plus qu’une start-up, elle a pour vocation d’être la plateforme d’un mouvement global de lutte contre le gaspillage alimentaire, et ambitionne de générer des initiatives. Ainsi en France, le groupe organise une grande campagne nationale de sensibilisation de la population sur la différence entre les dates « à consommer de préférence avant », simple facteur de qualité, et le « à consommer jusqu’au » un facteur d’hygiène, et qui est responsable de 20 % du gaspillage alimentaire. La campagne aura lieu le 16 octobre prochain.