En ouvrant les portes de L’Appart, Le District apporte à sa halle française son ultime pièce, et sans doute sa pièce maîtresse: un restaurant transformé en appartement pour dîner chez un chef français.
A L’Appart, vous êtes invité à manger chez un ami. Mais pas n’importe lequel puisque le chef français Nicolas Abello, qui a fait ses armes chez Gérard Vié, Pierre Gagnaire et Daniel Boulud, se trouve derrière les fourneaux. Passées les portes de cet appartement aménagé au coeur du District, vous êtes accueilli par le maître d’hôtel George Thomas et son cocktail à l’hibiscus en guise d’apéritif. Avant de rejoindre votre table, il vous invite à saluer le chef à travers sa cuisine ouverte sur la salle à manger. Tournées vers le plan de travail, les tables vous permettent de suivre la danse de la brigade -composée de seulement trois personnes- tout au long de votre repas. Nicolas Abello, lui, multiplie les coups d’oeil vers la salle pour saisir la réaction de vos papilles.
Banquettes et coussins, tapis, étagères décorées de cadres et de vases, tableaux, plantes vertes et armoire remplie de vaisselle, la décoration laisse penser qu’on se trouve dans la salle à manger d’un appartement chic. Pour un service personnalisé, L’Appart ne sert que 28 convives par soir. Mieux qu’à la maison, si vous êtes végétarien, pescétarien ou si tout simplement un plat du menu ne vous inspire pas, indiquez-le à votre hôte et le chef improvisera une autre recette. Et pour cela, il ne manque pas de provisions. Implanté dans Le District, il peut piocher à l’envie dans tous les produits que la halle française a à offrir.
Atmosphère détendue
“On répond aux besoins de chaque client mais sans pour autant être pompeux, affirme George Thomas. On ne veut pas être snob ou prétentieux, l’atmosphère ici est détendue.” Dans la salle à manger, les conversations entre amis vont bon train. Au risque, pour certains, de passer à côté de ce concept de cuisine ouverte qui vous invite à vous déplacer et à échanger avec le chef. A la fin du service, celui-ci prendra le temps de s’adresser à ses convives et de s’installer à une table pour faire connaissance.
Si l’atmosphère n’est pas guindée, l’exigence, la rigueur et le travail se retrouvent néanmoins dans les assiettes pour nous offrir une cuisine d’excellence. Asperges vertes et vinaigrette saupoudrée, devant nous, de copeaux de truffe fraîche, turbot fumé accompagné de fenouil confit ou encore crème et glace au citron sur un biscuit chocolat. Le pain lui, sorti du four “au moment où vous passez la porte de l’établissement“, est servi encore chaud accompagné d’un beurre du Vermont et d’un sel à la truffe. Délicats et savoureux, les mets sont sublimés par des accompagnements à la fois originaux et percutants.
Un menu différent chaque semaine
“Je pars sur ce que j’ai envie de cuisiner et en fonction des produits de saison, explique Nicolas Abello. Je n’aime pas quand il y a trop de goûts en même temps. Je choisis un produit et je le décline selon différentes textures.” Chaque semaine, des changements sont apportés au menu pour coller au mieux aux produits de saison et proposer des plats différents aux clients qui reviennent. Le menu dégustation, présenté dans un carnet griffonné des recettes et dessins du chef, se décline en trois formules, de six à douze plats. Chef de son premier restaurant, on ne serait surpris de voir Nicolas Abello bientôt décoré d’une étoile Michelin.
Mais ne dîtes pas au maître d’hôtel qu’il s’agit d’un restaurant français! Si le chef est français, il est bien le seul. “Ne vous attendez pas à manger un boeuf bourguignon ou un steak-frites, s’offusque comiquement George Thomas. Nicolas Abello n’est pas un traditionaliste. Il utilise et respecte les techniques de la cuisine française mais n’en est pas prisonnier”, ajoute-t-il avant de mimer un vieux maître d’hôtel grincheux représentant selon lui les restaurants français où personne ne sourit.
George Thomas aux commandes, votre expérience promet d’être haute en couleur. Mais le rire et l’excentricité de cet ancien de Bouley, Daniel, Alain Ducasse et Del Posto n’empiète en rien sur la qualité du service. Une attention constante vous est portée, jusqu’à la petite boîte de chocolats remise à votre départ. Ceux qui voulaient faire “comme à la maison” ont réussi à faire mieux.