Le musée d’art moderne de San Francisco fait sensation. Cet été, il a inauguré l’une des plus importantes expositions de ces dernières décennies sur le travail de l’artiste mexicain Diego Rivera. La rétrospective, intitulée « Diego Rivera’s America », présente la vision du peintre sur le Mexique et les États-Unis. Et elle la décline à travers plus de 150 œuvres d’art. Des peintures, dessins, croquis et fresques murales à admirer jusqu’au 02 janvier 2023.
L’exposition se concentre sur la prolifique production de Rivera entre les années 1920 et 1940. L’artiste est alors au sommet de sa carrière et ses peintures reflètent sa vision de l’Amérique. Des toiles inspirées par ses fréquents voyages et son amour de l’humain. « Rivera était profondément préoccupé par la transformation de la société et la formation de l’identité. L’identité mexicaine, bien sûr, mais aussi l’identité américaine, au sens le plus large du terme. Il croyait que l’art avait le pouvoir de changer le monde. C’est aujourd’hui un artiste essentiel à explorer dans une perspective contemporaine », explique le conservateur invité James Oles.
Son Amérique invite en effet à réfléchir à l’histoire et aux défis communs qui relient les hommes au-delà des frontières politiques. L’exposition met ainsi en lumière le goût de Rivera pour la culture populaire, la famille, le travail, la justice, la révolution industrielle et prolétarienne. Le tout dans des compositions réalistes aux couleurs intenses et aux formes arrondies.
La rétrospective s’organise par thématiques, selon les lieux que l’artiste a traversés et en fonction de ses sujets favoris. Une salle transporte par exemple le public à Tehuantepec, puis à Manhattan, quand une autre présente ses créations humoristiques pour le ballet moderniste H.P. (Horsepower). Deux salles consacrent par ailleurs San Francisco. On y découvre notamment les dessins préparatoires de sa célèbre fresque « Allegory of California » (1931) ou encore le mural « Still Life and Blossoming Almond Trees » (1931).
Ce choix met en valeur l’attachement de l’artiste à la ville et l’influence qu’il a encore sur toute la région. C’est là qu’il peint ses premières peintures murales aux États-Unis, dans les années 30. C’est aussi là qu’il se remarie avec Frida Kahlo en 1940, après un bref divorce. Trois portraits représentant leurs amis san franciscains et réalisés par Frida Kahlo sont d’ailleurs dévoilés.
Réunies pour la première fois, ces œuvres offrent un aperçu inédit de l’époque à San Francisco. Elles affirment également combien les deux artistes appartiennent à l’identité locale. Plusieurs évènements durant le mois de septembre – comme le festival Mini Mural ou la venue d’artistes en résidence – célèbrent cet héritage. Programme et infos ici. Enfin, n’oubliez pas avant de sortir du musée de passer voir la gigantesque fresque murale « Pan America Unity ». Elle conclut parfaitement l’exposition et reste visible jusqu’à l’été 2023.