Elle est une des licornes françaises les plus en vue et aujourd’hui, et elle vient de recruter la plus grande championne de tennis au monde à son conseil d’administration. Sorare, la startup parisienne qui a développé un jeu de fantasy football utilisant les NFT, a annoncé jeudi dernier qu’elle allait accueillir Serena Williams comme conseillère à son board.
« Les NFT ont le potentiel d’être un outil puissant pour apporter équité et investissement dans le sport féminin. Je suis ravie de commencer à travailler aux côtés de Nicolas (Julia, le co-fondateur) et de l’équipe car ils comprennent la relation entre athlètes et fans comme personne d’autre dans leur industrie, a déclaré la joueuse américaine. Je pense que Sorare saura redéfinir la culture et l’avenir du divertissement sportif ». L’athlète aura aussi pour mission d’aider Sorare à se développer dans d’autres disciplines que le football et à promouvoir les femmes et la diversité dans le sport.
C’est une très belle annonce pour Sorare, qui déploie, depuis peu, ses ailes aux États-Unis. La startup vient d’ouvrir un bureau en plein cœur de Soho à Manhattan et lance son aventure américaine. « S’installer aux États-Unis était notre plan depuis notre origine, car la croissance américaine est cruciale pour réaliser notre vision, celle de devenir un géant mondial de l’entertainment sportif », explique Nicolas Julia. « La ‘Ville qui ne Dort Jamais’ était une évidence pour notre premier bureau, étant donné que New York a adopté le phénomène crypto. »
Qu’est donc Sorare ? Certains d’entre nous se souviennent des fameuses cartes Panini que l’on collectionnait pour remplir un album d’images. Ici, la jeune pousse propose de réaliser des enchères et d’acheter des cartes virtuelles uniques de joueurs de football, des NFT que les participants peuvent acquérir avec de la cryptomonnaie – en particulier des ethereums -, ou des euros. La valeur de ces cartes fluctue en fonction de la demande, mais aussi de la performance sportive réelle des joueurs en question, ou encore de leur potentiel. Sorare prélève une commission sur ces transactions. Les joueurs peuvent aussi participer à des compétitions en ligne, et gagner des ethereums ou bien encore l’accès à des événements exclusifs, par exemple avec leurs équipes préférées.
Le concept est né en 2018 de l’imagination de Nicolas Julia et Adrien Montfort. Le duo identifie ce que la révolution de la blockchain et des NFT peut apporter à l’industrie du sport, et s’attaque au football. Dès son lancement, la startup connaît une croissance fulgurante : ses revenus sont passés de 8 millions de dollars en 2020 à 325 millions l’an passé, pour 150.000 utilisateurs actifs par mois et une offre de 250 clubs de football. Certaines cartes des joueurs les plus demandées ont déjà atteint des centaines de milliers d’euros. En septembre dernier, Sorare a frappé un grand coup en levant un tour de table de série B de 680 millions de dollars auprès de Softbank et d’autres investisseurs renommés comme Bessemer Ventures et Eurazeo. Soit le plus gros tour de table jamais réalisé par la French Tech.
Pour partir à la conquête du marché américain aujourd’hui, le duo dirigeant a tout d’abord musclé son équipe exécutive d’Américains : il a recruté Ryan Spoon, un ancien vice-président de la chaîne de sport ESPN, arrivé comme COO de la startup à l’automne dernier. Par ailleurs, Michael Meltzer, ancien directeur senior stratégique du groupe de paris sportifs Draftkings, est entré comme vice-président du business développement. Enfin Kiana Davari, ancienne DRH de Lyft est chargée des recrutements à l’international. « Elle a fait passer Lyft de plusieurs dizaines d’employés à plusieurs milliers et a construit un groupe de talents internationaux, ce qui sera critique pour notre croissance », se réjouit Nicolas Julia. Car Sorare a des objectifs ambitieux, et prévoit d’embaucher pas moins de 100 personnes à New York d’ici la fin de l’année.
Le groupe n’a pas que le football en tête et compte bientôt se lancer dans d’autres sports autrement plus suivis aux États-Unis, comme le tennis. « Il y a un énorme potentiel pour répliquer notre succès dans le football dans d’autres sports qui plaisent à une audience américaine. Nous explorons beaucoup de possibilités ici ». Pour l’entrepreneur, le message est clair : Sorare n’est pas qu’une activité spéculative, mais bien l’occasion de rassembler les fans de sport autour de leur passion. « Nous ne construisons pas qu’une plateforme pour acheter et vendre des NFT. Nous créons une communauté d’enthousiastes de sport qui jouent ensemble, et nous pensons que c’est une fondation forte pour créer des expériences uniques pour les fans ».