À force de l’entendre depuis sa nomination en conseil des ministres en novembre dernier, Nicolas de Rivière devance la question et reconnaît en souriant qu’il ne va pas s’ennuyer à Moscou. Après des mois d’attente, l’ambassadeur et actuel représentant permanent de la France au Conseil de sécurité à l’ONU a reçu l’agrément du Kremlin et va quitter New York pour la capitale russe. Une ville – et un pays – qu’il connaît bien pour s’y être rendu plusieurs fois avant sa nomination au siège new-yorkais des Nations unies en 2019. Le diplomate de 61 ans va occuper un poste resté vacant plus de six mois depuis le départ de Pierre Lévy en août dernier, trois ans après le début de l’invasion russe en Ukraine.
Nicolas de Rivière quittera les bords de l’East River fin février et laissera la place à Jérôme Bonnafont, attendu mi-mars à Manhattan. L’ancien ambassadeur en Inde et en Espagne viendra de Genève après trois année passées à la représentation permanente de la France auprès des Nations unies et des organisations internationales en Suisse. Un fin connaisseur des rouages de l’ONU, d’autant qu’il s’agira de retrouvailles avec la Mission française de New York pour ce vétéran de la diplomatie – près de 40 ans de carrière – puisqu’il y a déjà travaillé, de 1993 à 1995, avant de devenir conseiller pour les affaires globales puis porte-parole de la présidence Chirac, de 1997 à 2007.
Entre ses postes à New Delhi (2007-2011) et à Madrid (2012-2015), l’énarque (promotion Denis Diderot, 1986) de 64 ans a dirigé le cabinet d’Alain Juppé lorsque celui-ci était ministre des Affaires Etrangères. Il a également dirigé le département Afrique du Nord et Moyen-Orient au Quai d’Orsay (2015-2019) avant de retrouver un poste politique en tant que conseiller spécial auprès du Premier ministre Edouard Philippe – qu’il avait rencontré… à la représentation française à New York, 25 ans plus tôt.
Juppéiste comme le maire du Havre, marié et père d’un adolescent, ce fervent défenseur du multilatéralisme retrouve les couloirs du siège new-yorkais de l’ONU dans un contexte bien différent de celui qu’il a quitté. « Les diplomates ne se résignent pas à ce que ce soit simplement le rapport de force qui doive dicter la loi des choses », disait-il en 2022, à la sortie de son livre Diplomate, pour quoi faire ? (éditions Odile Jacob).