De Robert Doisneau à Peter Lindbergh, en passant par l’agence Magnum ou les géants que sont LVMH ou Samsung, tous ont en commun le laboratoire de tirage photographique Picto.
Fondée en 1950 par le photo-reporter Pierre Gassmann, l’entreprise leader sur le marché français s’est implantée il y a deux ans aux Etats-Unis, à New York précisément. Un pari réussi pour Philippe Gassmann, petit-fils du fondateur, aujourd’hui directeur général de Picto, qui prévoit prochainement une nouvelle ouverture en Asie.
Derrière le laboratoire Picto se cache une histoire familiale intimement liée à celle de la photographie. “Sachant que mon grand-père était un piètre photographe, et son ami, Henri Cartier-Bresson un piètre tireur photo, ils ont décidé de se répartir les rôles. L’un a créé Picto et l’autre a créé Magnum. Tous les photographes de l’agence venaient au laboratoire, qui fait vraiment partie de l’origine de Magnum”, raconte Philippe Gassmann.
Une union toujours présente aujourd’hui: à l’occasion des 70 ans de l’agence Magnum, Picto NY a réalisé l’impression de l’exposition anniversaire présenté à la Neuehouse de New York, à savoir “Magnum: 70 at 70” prolongée jusqu’au mois de septembre. La “Correspondance new-yorkaise” de Raymond Depardon au FIAF a elle aussi été imprimée par le laboratoire français.
À sa création, Picto était le premier et unique laboratoire professionnel en Europe et a su adapter ses services aux évolutions techniques: la couleur qui arriva en 1963, puis la retouche au milieu des années 1970, pour finalement parier sur le numérique et le service en ligne au début des années 2000.
“Il y a dix ans, on a proposé aux photographes d’envoyer leurs fichiers sur internet, de manière à ce qu’ils obtiennent leurs tirages photo sur des papiers, des encadrements différents… On a ouvert une voie qui n’existait pas avant et qui est encore peu répandue aujourd’hui dans le milieu professionnel, notamment aux Etats-Unis”, explique Philippe Gassmann. PictoOnline s’ouvre aussi plus largement à une communauté de photographes avertis “qui peuvent parfaitement accéder à la plateforme en ligne. Ils envoient leur fichier et le commandent en ligne. De plus en plus, on touche une clientèle moins professionnelle, mais qui veut s’offrir un tirage de qualité”.
Outre le service en ligne, le laboratoire propose toujours ses services sur mesure en atelier, en France et à New York, en présence du photographe et du tireur, notamment pour les impressions d’exposition, ainsi qu’un service personnalisé, plus rapide. L’autre activité de l’entreprise se fait surtout dans le secteur du luxe, où de grandes maisons (groupe LVMH, Van Cleef & Arpels, Longchamp, Maje) sollicitent les services de retouches essentiellement. C’est pour se rapprocher de cette clientèle que l’entrepreneur a décidé d’ouvrir la filiale américaine. “Les annonceurs de luxe représentent la plus grosse partie du chiffre d’affaire de l’entreprise”, explique Philippe Gassmann.
Le laboratoire a aussi décidé d’importer ses services d’impressions photographiques et à ouvert il y a six mois sa plateforme en ligne américaine. Les tirages sont alors réalisés en partenariat avec le laboratoire LTI présent depuis plus de 30 ans sur Manhattan.
L’autre bras armé du laboratoire, c’est sa fondation. Labellisée entreprise du patrimoine vivant, Picto a décidé de la tourner vers trois objectifs, “promouvoir, préserver et partager la photographie“, explique Philippe Gassman. Le laboratoire participe ou organise de nombreux prix photographiques ou festivals, comme le Prix de la Mode ou le Prix Niepce, et entend nouer des partenariats avec de nombreuses écoles de photographie. “On n’est pas simplement des marchands de photographie, on a aussi un rôle de préservation et de promotion à jouer dans ce milieu“.