“Si nous désertons l’espace public, d’autres parleront pour nous“. “Nous”, dans la bouche de l’abbé Pierre-Hervé Grosjean, ce sont les catholiques français.
Le jeune prêtre, qui envisageait une carrière dans l’armée avant de devenir un médiatique défenseur du catholicisme “décomplexé” en France, est l’auteur de Catholiques, Engageons-nous, un ouvrage sorti en 2016 qui appelle les catholiques français à faire entendre leur voix dans les débats de société et à ne pas “rester sur la touche” au moment où “la France chrétienne engagée se découvre de plus en plus minoritaire“.
Il donnera trois conférences à l’Eglise Notre-Dame à Manhattan (le 30 mars) et à Larchmont (les dimanche 2 et lundi 3 avril) pour partager sa vision. “Le message catholique est attendu dans le monde, croit-il. On veut partager nos vues, pas les imposer“.
En France, l’abbé Grosjean a la réputation, dans les médias du moins, d’être une sorte de “curé 2.0”. Habitué des journalistes et des plateaux télé, il anime avec six autres religieux le blog Padreblog, qui vise à apporter un point de vue catholique sur l’actualité. Le Huffington Post l’a décrit en plein débat sur le mariage des homosexuels comme “le curé que vous devez suivre sur twitter“, ce qui n’a certainement pas fait de mal à son nombre de “followers” qui atteint plus de 34.000 aujourd’hui.
“Le côté virtuel de l’expression ‘curé 2.0’ pourrait faire oublier que je suis curé de paroisse. C’est là que se joue ma première expérience et que je nourris ma réflexion. Mon enracinement dans le terrain me prend trois-quarts de mon temps, affirme-t-il. Comme beaucoup de prêtres de ma génération, les technologies me semblent être le moyen idéal pour parler aux périphéries, comme le dit le Pape François. Casser les a priori, convaincre, dépasser les incompréhensions me passionne“.
Chargé des questions d’éthique et de politique au diocèse de Versailles, il a lancé en 2008 le Cercle Alatheia, un think tank chrétien qui organise des réunions de reflexion autour d’invités politiques, économiques, associatifs ou médiatiques.
Le mariage pour tous en 2013 marque un tournant dans son engagement. L’épisode a amorcé une “prise de conscience chez les chrétiens, dit-il. Le modèle de société que nous voulons n’est plus évident pour tous. Si on tient à ce modèle de société, il faut pouvoir l’accepter et le promouvoir. Il faut réinvestir le champ du politique, s’impliquer pour lutter contre la précarité, le respect de la vie. Cela n’est plus évident aujourd’hui“.
Ce message, il viendra le partager aux Etats-Unis. Le dimanche 2 avril, à Larchmont, il animera aussi une conférence destinée aux 15-22 ans autour de son premier ouvrage Aimer en vérité. Ces rencontres sont organisées par l’association les Amis du Collège de Bernardins basée aux Etats-Unis. “Je suis très impatient de découvrir les Etats-Unis. Je ne vais pas prétendre de tout apprendre en quatre jours mais d’après ce que je sais, la religion ne doit pas faire face à une laïcité agressive comme en France. On affiche sa foi sur les fenêtres et les voitures. Il y a quelque chose de plus libre dans le débat. Nous pouvons nous en inspirer“.