Où se trouvent les sculptures françaises aux Etats-Unis ? Un peu partout si l’on en croit FrenchSculpture.org, un répertoire détaillé lancé fin 2014 par l’université du Texas à Dallas et le Nasher Sculpture Center voisin.
D’après le recensement établi depuis cinq ans par l’archiviste française de Dallas Laure de Margerie, on peut voir les œuvres d’artistes français ou ayant séjourné durablement en France dans les musées d’art américains, mais aussi dans ceux de sciences, dans les bibliothèques, les bâtiments publics ou administratifs, l’espace public et même quelques collections d’entreprise, incluses au répertoire lorsque les sociétés l’y ont autorisée. « Riche actuellement d’environ 7.500 sculptures par 680 artistes situées dans plus de 300 lieux différents, y compris des sculptures intégrées aux façades ou décors de bâtiment, il est en constante évolution et le nombre final d’œuvres est estimé à 15 ou 20.000 », souligne l’experte.
Laure de Margerie et plusieurs de ses partenaires français et américains raconteront quelques-unes de des histoires de ces sculptures ce samedi 21 février à partir de 14h au Nasher Sculpture Center de Dallas (voir détails en encadré).
Elle s’est lancé dans ce projet titanesque au hasard d’un séjour aux Etats-Unis. « Juste avant le 11-Septembre, je convoyais une œuvre française au Clark Art Institute de Williamstown, dans le Massachussets, et, une fois le choc passé, j’ai décidé de profiter du blocage de l’espace aérien pour faire des recherches sur les œuvres françaises des musées américains dans leur bibliothèque d’histoire de l’art. »
Quand son conjoint (Olivier Meslay) a été recruté par le musée d’art de Dallas il y a six ans, Laure de Margerie a donc ressorti ce projet de son carton pour le présenter au professeur d’Art et Esthétique de l’université du Texas à Dallas Richard Brettell qui, en tant que francophile, l’a rapidement soutenu en lui consacrant une partie des fonds de son Centre pour l’étude interdisciplinaire des musées.
Même si le répertoire comprend beaucoup de bronzes, car « la France a possédé de très bonnes fonderies de bronze à partir du XIXe siècle et les collectionneurs américains ont acheté beaucoup de ces bronzes français réputés et recherchés », indique Laure de Margerie, la sculpture française aux Etats-Unis est donc loin de se restreindre à Rodin et à la statue de la Liberté. Ainsi, un buste de La Fayette d’après Houdon a rejoint l’Ohio Historical Society à bord d’un train de la reconnaissance française affrété après-guerre par la fédération nationale des anciens combattants des chemins de fer de France et l’Union française.
Ces histoires humaines qui expliquent la présence d’une sculpture à un endroit donné, c’est ce qui motive Laure de Margerie dans son travail d’archiviste. « Je travaille aux Etats-Unis dans l’esprit de la mission de service public que j’accomplissais aux archives de la sculpture du musée d’Orsay » (qui soutient également le projet avec l’institut national d’histoire de l’art, le musée Rodin et l’école du Louvre). « Les informations scientifiques du répertoire sont solides afin que les spécialistes y trouvent leur compte, mais avec ses trois onglets Artistes, Sculptures et Lieux permettant de rapidement interroger la base, le site s’adresse à tout amateur de sculpture, qu’il soit francophone ou anglophone (le site est bilingue), et même à tout curieux qui veut en savoir plus sur le processus de création d’une sculpture ou les expositions de référence. »