« Rue Française » était l’adresse de sa boutique parisienne, située dans cette petite ruelle du quartier Montorgueil coincée entre les rues Turbigo et Etienne Marcel. Aujourd’hui, Miss China en reprend l’intitulé pour le concept store qu’elle a imaginé dans une galerie de Bleecker Street. Douze artistes sensibles au savoir-faire français se joignent à elle pour une exposition de pièces uniques et d’objets en tout genre, dont le métissage va bien plus loin que le New York parisien.
Le travail de A la Cour (Arlette est son prénom) n’est autre qu’une élégante collection de bibelots du siècle raffiné de Marie Antoinette et du Marquis de Lafayette –éventail, houppette et plume d’oie. La forêt d’arbres en céramique de Stéphanie Bouvier est d’une taille discrète mais ses sacs à l’effigie de grandes marques du luxe français (Hédiard comme Chanel) lancent une piste de réflexion. Les goutes et lignes pures des bijoux de Taher Chemirik rappellent la finesse de ce designer franco-algérien des Arts Déco. Les illustrations du dessinateur français Jean-Philippe Delhomme (New Yorker, New York Times Magazine) font des réalités de notre vie moderne des chroniques drôles et attachantes de vérité. Miss China n’a pas omis de convier la bouche pulpeuse de Nicolas Sarkozy et les astres de Barack Obama…
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« Nous voulons établir un pont entre Paris et New York » explique Gwenolee Zürcher qui a ouvert le Studio en mars dernier. Elle et son mari Bernard Zürcher, propriétaires d’une galerie à Paris depuis 1992, espèrent que leur percée new yorkaise redonnera une visibilité aux artistes français d’aujourd’hui, injustement oubliés du marché de l’art international. «Il y a un sérieux manque de confiance de la France dans ses propres artistes» remarque Bernard. Avant d’ajouter «d’ailleurs les Américains pensent qu’il n’y a plus de peintres en France».
Se définissant comme une « Chinoise outre-mer » Miss China s’est alors lancé ce défi : offrir une vision de l’art contemporain français en s’entourant de designers et créateurs qui apportent chacun une pierre à l’édifice. Sa propre contribution au concept store est des plus étonnantes : une collection bleu blanc rouge de vêtements d’ouvrier inspirés des tenues chinoises traditionnelles : une robe de travailleuse asiatique rembourrée de mousse aux niveaux de la poitrine et du postérieur ; un bleu de travail très bling bling, portant l’inscription en lettre chinoises « 100% ouvrier professionnel ». Elle dédie ce travail au « Travailler plus pour gagner plus » d’un certain président français : « Il m’a fallu 474 minutes pour broder ce col bleu à la main et je n’ai pas gagné plus d’argent ». Miss China, styliste politique ? « Je ferai connaître cette collection au président… oui je suis presque une artiste engagée ! ».
Rue Française by Miss China- Du 12 Décembre au 3 Janvier au Zürcher Studio, 33 Bleecker Street à New York.